Start-up dépression : la Silicon Valley, l’autre victime de l’inflation ?

Source [Atlantico] : Pour les entreprises de la Silicon Valley, il est peut-être temps de trouver un nouveau modèle économique et financier.

Atlantico : Certaines compagnies de VTC, comme Lyft mais aussi Uber, ne parviennent pas après plusieurs années à trouver un modèle économique stable et viable. Comment l’expliquer ? D’autres entreprises sont-elles dans une situation similaire ? 

Julien Pillot : Ces compagnies ont basé leur stratégie sur une croissance internationale. Contrairement à des entreprises classiques, elles ont le monde entier pour marché potentiel, ce qui occasionne des besoins très importants en capitaux. Les frais fixes consistent à développer les plateformes, et les frais variables dépendent des différentes localités d’implantation. Chaque nouvelle localité est un nouveau marché à conquérir, avec une concurrence locale à battre, et des coûts d'acquisition (de chauffeurs et d'utilisateurs) importants.

Pour financer leur croissance, ces entreprises ont donc besoin d’énormément de cash et d’investisseurs solides et stables. Dès lors que ces investisseurs commencent à se poser des questions sur la capacité de ces grandes entreprises à être rentables de façon pérenne, ils sont susceptibles de revoir leurs stratégies d'investissement, ce qui met en péril ces compagnies. 

Les entreprises qui font partie des NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) sont dans cette situation. Leur dénominateur commun est d’avoir attiré pendant des années des investisseurs persuadés que ces entreprises deviendraient à terme des acteurs dominants et incontournables de leurs marchés respectifs. Ces investisseurs ont donc investi - parfois très tôt - en espérant un retour sur investissement, soit par la valorisation du titre des ces sociétés, soit par la perspective de juteux dividendes liés à des années de domination économique promises à ces entreprises. Si certains investisseurs entrés de façon précoce au capital de ces entreprises ont effectivement pu gagner beaucoup d'argent du fait de la valorisation de leurs titres, ceux qui ont misé sur une rentabilisation par le versement de dividendes ont, pour l'heure, quelques raisons de déchanter tant la performance économique réelle des NATU est aujourd’hui remise en question. Pour l'heure, ces entreprises qui se sont largement développées sur de la dette n’ont, en effet, pas toujours réussi à démontrer leur capacité à dégager une rentabilité économique durable... alors que les investisseurs, dans un contexte de retournement de conjoncture économique, commencent à perdre patience...

Les investisseurs sont donc essentiels pour ces entreprises. Dans quelle mesure les taux d’intérêts relativement faibles ont aidé ces grandes entreprises à tenir ces dernières années ?

Quand les taux d’intérêt sont bas, l’investissement est favorisé car l’argent "ne coûte rien". De plus, ces faibles taux d’intérêts sont les conséquences de politiques de relance très accommodantes menées par les banques centrales, comme la Fed ou la BCE. Le but était de soutenir l’économie après la crise des subprimes et celle de la Covid-19. En somme, cette économie sous perfusion, avec des taux d’intérêt bas, a permis de générer des liquidités qui se sont retrouvées entre les mains de nombreux investisseurs. Les valeurs sur les marchés financiers en ont profité, notamment le marché technologique, avec le Nasdaq en tête de liste. Des entreprises comme Airbnb ou Uber, perçues - ou présentées - comme étant en mesure de pouvoir monopoliser leurs marchés respectifs très rapidement, se sont donc retrouvées avec des valorisations boursières dantesques. Quand la conjoncture se retourne, comme c’est le cas actuellement, les investisseurs, à la recherche de stabilité, désinvestissent de valeurs jugées risquées pour prendre leurs bénéfices (quand ils ont acheté à pris bas) et éventuellement réinvestir dans des valeurs moins exposées aux risques, notamment les obligations d'état ou certaines matières premières. Pour les entreprises de la tech, et notamment pour celles n'ayant pas su démontrer leurs capacités à dégager des performances réelles intéressantes, et aux fondamentaux plus friables, ce retournement de conjoncture économique peut avoir des conséquences terribles.

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