Ce 26 mai 2017, sur le chemin du monastère de Saint-Samuel-le-Confesseur, des chrétiens égyptiens venus de Beni Suef et d’Al-Minya ne songeaient ni à la mort ni à l’horreur qui les attendaient.
Membres de cette Église copte de 9 millions de disciples, fondée en 42 apr. J.-C. par l’évangéliste Marc, ils étaient seulement impatients de communier dans la paix du Christ. Les dira-t-on fous d’afficher ainsi leur foi, quand 45 chrétiens égyptiens sont assassinés en avril, 27 en décembre, quand la terreur quotidienne islamiste menace ? Ce pays n’est-il pas “terre des martyrs” ? Et leur “calendrier des martyrs” ne rappelle-t-il pas le goût égyptien du sacrifice chrétien, depuis Dioclétien, en 303 ?
Sortis de trois pick-up, déguisés en militaires, les terroristes liés à Dae’ch arrêtent leur convoi. Ils « leur ont demandé de renier leur foi chrétienne, un à un, mais tous ont refusé. Alors les hommes armés les ont froidement abattus en leur tirant dans la tête » (père Rashed) : 29 assassinés, enfants et humains au coeur d’enfant. Aveu d’échec : les terroristes pensaient lire la peur dans le regard de leurs victimes. Ils y ont vu le reflet méprisant de cette lâche abjection qui tue des humains désarmés. Ils voulaient affirmer avec morgue la force de leur “djihad” face à des “infidèles” : ils ont lu dans les pupilles de leurs victimes la vraie foi, indomptable, celle qui croit le Dieu d’amour plus fort que la haine, l’espérance de la miséricorde plus grande que la cruauté, la vie plus forte que la mort. Et en tuant, ils ont révélé leur néant qui ne reflète rien, leur absence totale de compassion, îlot de haine entouré de haine, le Mal radical qui les habite.
Ami lecteur : ces martyrs savaient. C’est pourquoi ils ne cédèrent pas. Ils menaient la plus grande des batailles : spirituelle. Assassinés non loin de Maadi, où Jésus et Marie ont séjourné, les martyrs sont devenus comme les sept colombes blanches, rayons de lumière sur les dômes qui rappellent que ce Dieu diversement nommé est toujours le même pourtant, quand il dit l’amour de l’humanité. De l’Onu à la mosquée Al-Azhar, les consciences entendent mieux à présent le doux murmure de cette source merveilleuse qui donne la vue à ceux qui ne voient plus et la vertu qui manque pour armer la morale.
[Source : www.valeursactuelles.com]