La France veut intégrer ses populations d’origine étrangère. C’est un souci louable, mais il me semble qu’on n’a pas une idée précise de ce que cela signifie concrètement, et qu’on en reste à l’incantation de type magique, la répétition inlassable du mot étant censée produire par elle-même des effets. Pourtant, se poser quelques questions simples et de bon sens permettrait d’y voir plus clair.
Qui veut-on intégrer ?
Les millions de personnes d’origine étrangère récemment arrivées sur notre sol, et dont la masse, ainsi que l’altérité radicale de la culture d’origine par rapport à la nôtre, crée un risque d’explosion sociale de notre pays. Il est frappant de noter que la question ne s’est jamais posée quand ces immigrants étaient de religion chrétienne (Italiens, Espagnols, Portugais, Polonais…) et qu’elle ne se pose que depuis l’arrivée massive de personnes d’autres religions. La question de l’intégration est donc clairement de nature religieuse.
Pourquoi veut-on les intégrer ?
Cela nous amène à une deuxième question : pourquoi veut-on les intégrer ? Tout simplement pour éviter la guerre civile, dès lors que de trop grandes différences culturelles créent des tensions, et ce d’autant plus que la religion d’une grande part de ces nouveaux arrivants a clairement un projet conquérant, par tous moyens. Il est notable que la France a un projet d’intégration, contrairement à ses voisins anglais et allemand, qui préfèrent juxtaposer des communautés. Cela sous-entend que notre pays considère ses valeurs comme universelles, impératives, imposables à tous. Il est intéressant de se demander pourquoi, et j’ai essayé d’y apporter une réponse dans La Vocation chrétienne de la France : la France, fille aînée de l’Eglise, façonnée par quinze siècles de catholicité considère naturellement tout ce à quoi elle croit, qui est entièrement issu du catholicisme, même ce qui se croit en rupture par rapport à lui (les droits de l’Homme, la laïcité), comme universel (« catholique » signifie « universel »), donc applicable à tous.
Comment intégrer ?
La troisième question à se poser est : comment intégrer ? Il est frappant qu’on ne voie les choses qu’à travers le modèle de l’intégration économique, matérielle : trouver un travail, un logement, avoir les moyens de fonder une famille. Mais s’intégrer à la France, n’est-ce qu’une addition de critères matériels ? Une anecdote permet souvent de se faire bien comprendre. En voici une. Je suis arrivé dans le collège où j’enseigne en même temps qu’un collègue d’origine marocaine dont le parcours était similaire au mien : ingénieur, docteur ès sciences, il avait à la quarantaine choisi de devenir enseignant et passé le CAPES. Pourtant il ne s’est jamais mêlé aux « collègues », fuyant la salle des professeurs. Plusieurs fois je l’ai surpris en train de faire ses ablutions dans le lavabo des WC, et sans doute sa salle de classe lui servait-elle de salle de prières. Ses méthodes pédagogiques très dures, qui faisaient sans cesse référence à ce qu’il avait connu dans son pays d’origine, le conduisaient à bousculer, insulter, souvent même frapper ses élèves. Il a fallu le renvoyer. Fonctionnaire, marié, bon père de quatre enfants, bourgeoisement logé, cet homme reste, selon les critères économiques dominants, un vivant modèle d’intégration. Mais ces critères sont-ils les plus importants ?
La jeunesse de banlieue, à qui j’enseigne, ne partage pas toutes les valeurs de ce pays, parce qu’elles sont, même si nous l’ignorons, ou le nions, d’origine chrétienne. Il faut lui apprendre le pardon, le respect du plus faible, l’égalité de tous quels que soit sa religion et son sexe, l’importance de se remettre en question plutôt que de vouloir « garder la face »… Vaste chantier de chaque jour, tant certains comportements, certaines valeurs sont ancrés dans une culture autre que chrétienne. De cela, beaucoup de mes élèves ont conscience. Certains me rétorquent gentiment : « vous avez vos valeurs, nous avons les nôtres ! ». Que répondre dans un collège « laïc », où je n’ai pas le droit de dire : « ici, c’est comme ça, parce que nous sommes en pays chrétien » ? Mes élèves, je l’ai mainte fois constaté, ne sont pas convaincus par les justifications que le laïcisme m’oblige à donner aux valeurs « humanistes » que je suis censé leur inculquer. Elles relèvent du « c’est comme ça parce que ce n’est pas autrement, et vous devez y adhérer parce que vous n’avez pas le choix ». Or pour eux, qui se définissent comme « musulmans », nous sommes, nous en déplaise, « chrétiens », et ce à quoi nous croyons est forcément chrétien.
Valeurs chrétiennes et intégration
Nous nous trouvons en face du paradoxe suivant. Partons de cartes élémentaires du monde, telles qu’on les trouve dans n’importe quel manuel de Géographie de collège. Celles de la prospérité, de la démocratie et du respect des droits de l’Homme, de la laïcité, de la paix sociale, recouvrent très largement celle du christianisme. On peut légitimement en déduire que ces qualités sont des fruits du christianisme, même si la laïcité, principe d’origine chrétienne, a amené nos pays à clairement distinguer la sphère politique de la sphère religieuse. Ces pays étant largement terres d’immigration, on peut aussi en déduire que ces fruits apparaissent désirables à des millions de personnes, qui quittent librement, pour en jouir, des terres marquées par les fruits d’autres religions (misère, violence, dictature, intolérance religieuse). A ces gens, qui ont tout quitté pour venir vivre en terre chrétienne, afin de profiter des fruits du christianisme, une conception restrictive de la laïcité, principe d’origine chrétienne, interdit de dire qu’ils ont choisi de venir profiter des bienfaits d’une civilisation chrétienne.
Admettre cette évidence, ne serait-ce pas, pourtant, mettre nos hôtes en cohérence avec leurs actes ? Notre civilisation chrétienne, ils l’ont plébiscitée avec leurs pieds. Profondément religieux, ils sont convaincus de vivre en terre chrétienne, et n’attendent que de l’entendre dire. On imagine leur frustration ! Quel rapport avec l’intégration, me demandera-t-on ? Eh bien tout simplement, les personnes d’origine étrangère ne seront véritablement intégrées que lorsqu’elle adhéreront pleinement, quelle que soit leur religion, à nos valeurs humanistes, c’est-à-dire à des valeurs d’essence chrétienne. Nous ne pouvons les y faire adhérer qu’en les leur présentant dans leur cohérence historique et logique. Je sens bien, lorsque j’essaye, en vain, de faire comprendre à mes élèves la nécessité du pardon, et qu’ils s’y refusent au nom de ce à quoi ils croient, que la seule parole qui dénouerait la situation serait : « en France, le pardon a cours parce que c’est un pays de culture chrétienne ». L’intégration ne peut être qu’intellectuelle, culturelle, avant d’être matérielle. L’exemple de mon collègue le montre.
Des-intégration
Au lieu de cela, illustration a contrario de mon propos, j’assiste quotidiennement à la dés-intégration de la France sur fond de religion. Confrontés à la pression incessante et multiforme de l’islam, les petits européens de souche, en banlieue, se définissent souvent comme musulmans, et parfois comme arabes. C’est tout d’abord la conséquence des nombreux mariages mixtes, dont les fruits sont systématiquement musulmans, sans plus de référence à leur part d’origine « chrétienne ». Les enfants au patronyme européen se définissent systématiquement comme « arabes » dès lors qu’ils ont un prénom musulman. La pression unanimiste du groupe en ce sens est trop forte pour y échapper. Ceux qui conservent un prénom « européen » (le plus souvent issu de téléfilms américains) font souvent de la surenchère islamique pour avoir la paix, et s’intégrer dans le groupe. La religion est bien, en banlieue, LE critère d’intégration, et il joue ici en sens inverse de ce que l’on voudrait.
J’irai plus loin, en partant d’une autre expérience. Investi dans l’évangélisation des musulmans, je suis frappé de constater que, souvent, leur conversion au catholicisme est liée à une adhésion pleine et enthousiaste à la France, parfois jusqu’à l’excès. Beaucoup des convertis que je connais choisissent de s’engager dans des mouvements politiques – divers - où l’on défend une conception de la France chrétienne et charnelle, témoignant ainsi du lien qu’ils font entre leur nouvelle religion la France. Je ne prétends pas ici démontrer que l’intégration des immigrés passe par leur adhésion aux partis de droite, mais bien que j’en connais beaucoup qui ont embrassé la France après avoir embrassé le catholicisme.
L’intégration, en France, passe au moins par l’acceptation par tous de valeurs d’origine chrétienne, qui doivent, pour être pleinement comprises, être présentées comme telles à des personnes pour qui la religion a une grande importance. Au plus, elle va jusqu’à l’adhésion au catholicisme, la religion qui fonde la France dans tout ce qu’elle est y compris, c’est paradoxal, dans ce qui semble le plus hostile à cette religion.
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Oui il faut convertir. Convertir autant que l'on peut. Il faut organiser des structures pour regrouper ces populations à convertir : logements, églises. Nous avons de la place en France ! l'Auvergne, le Limousin... Nous relançons dans le même temps le BTP l Il y 6 milliards d'hommes et de femmes à convertir et à accueillir. Dans la paix du Christ.
Je confirme vos propos du paragraphe "Des-intégration".
En tant que médecin j'ai reçu un jeune adolescent au prénom arabe mais élevé par sa mère seule, de patronyme et d'origine bien française. Il venait demander une circoncision car "il voulait se convertir". Lui expliquant mon refus pour absence d'indication médicale j'ai provoqué sa colère et reçu cette réponse : "vous êtes un raciste". Et c'était dans une moyenne ville de province plutôt tranquille !
Compliments Votre jugement est très pertinent.
Nous vivons une nouvelle forme de conflit probablement plus dévastateur que les anciens, car culturel.
Nous vivons une insurrection larvée, et des forces étrangères les soutiennent.
Le ver est dans le fruit, seul un bon Monsieur du jardin peut l'éviter de pourrir.