Source [Boulevard Voltaire] Il y a les (semi-)promesses dont on nous répète, soir et matin, sur tous les tons et sur toutes les antennes, qu’elles DOIVENT être tenues, comme la PMA, et il y a les promesses sur lesquelles on s’assoit gaiement et que l’on piétine gentiment, peut-être parce que la population concernée ne correspond pas au portrait-robot de l’électeur moyen de notre sémillant Président. Et qu’à la sortie de l’hiver, Emmanuel Macron était prêt à signer n’importe quoi, pourvu qu’on en finisse avec cette affreuse jaunisse.
Comme le titre Le Huffington Post de ce lundi, « 400 écoles rurales vont fermer contrairement à la promesse de Macron ». Le même Huffington Post pousse le zèle jusqu’à remettre en ligne une vidéo de Jean-Michel Blanquer sur franceinfo qui va peut-être écorner l’image lisse de ministre sagace, poli, sérieux et old school – jusqu’à la calvitie en couronne très en vogue dans les hautes sphères politiques des seventies – dont il bénéficie dans l’opinion : « Nous ne fermerons pas d’écoles primaires à la rentrée, c’est la première fois qu’un gouvernement s’engage à cela, rendez-vous compte, c’est énorme. » Peut-être, disant cela, croisait-il secrètement les doigts derrière son costume ? Peut-être les Français ont-ils oublié, comme d’habitude, de lire en bas du contrat les petites lignes de conditions générales que l’on ne découvre qu’au moment du désastre ? Pas de fermeture « sans accord des maires », avait précisé Emmanuel Macron. Selon une enquête du ministère de l’Éducation relayée par Le Parisien, 400 écoles, principalement à la campagne, auront disparu en septembre : 150 sur décision de l’Éducation nationale, 250 par choix des élus locaux de fusionner et de regrouper.
Ce sont “Les Oubliés” chantés par Gauvain Sers :
« Devant le portail vert de son école primaire
On l’reconnaît tout d’suite
Toujours la même dégaine avec son pull en laine
On sait qu’il est instit
Il pleure la fermeture à la rentrée future
De ses deux dernières classes
Il paraît qu’le motif c’est le manque d’effectif
Mais on sait bien c’qui s’passe
On est les oubliés
La campagne, les paumés
Les trop loin de Paris
Le cadet d’leurs soucis
À vouloir regrouper les cantons d’à côté en 30 élèves par salle
Cette même philosophie qui transforme le pays en un centre commercial
Ça leur a pas suffi qu’on ait plus d’épicerie
Que les médecins se fassent la malle
Y a plus personne en ville, y a que les banques qui brillent dans la rue principale
Qu’il est triste le patelin avec tous ces ronds-points
Qui font tourner les têtes
Qu’il est triste le préau sans les cris des marmots »
Et cela ressemble aussi à un Conte du lundi : « Mes enfants, c’est la dernière fois que je vous fais la classe. » La France est défaite. Elle s’est défaite, sans même l’aide des Allemands, cette fois.
C’est donc encore la France périphérique qui va trinquer, celle dont on ferme aussi les gares et les hôpitaux… pour les centraliser avec la merveilleuse efficacité que l’on sait.
Les trains sont éternellement en retard ou supprimés, les urgences craquent, perpétuellement saturées.
Pour Anne Coffinier, présidente de la Fondation pour l’école (Le Monde, 25 juin 2019), « chacun pressent qu’une école n’est pas un service comme les autres », c’est « le cœur battant d’un territoire ». Pour elle, il faut donc « inventer un autre modèle », et « les écoles indépendantes peuvent sauver l’école rurale ».
Soit. Retroussons-nous les manches. Mais gageons que les parents trouveront cela un peu fort de café. Ils financent déjà l’école par leurs impôts, ils devront donc investir une deuxième fois – et donner aussi de leur personne et de leur temps – du fait de l’impéritie de l’État ? Faudra-t-il ainsi reconstruire chaque service public à côté, et cotiser ainsi doublement pendant longtemps ?
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