Gaza : d'abord une bataille médiatique
Article rédigé par Jean-Germain Salvan*, le 22 janvier 2009

Les combats qui se sont déroulé à Gaza depuis le 27 décembre 2008 sont un nouvel exemple du gâchis provoqué par des conceptions erronées dans les deux camps qui s'opposent.

À l'origine du Hamas, il y a des apprentis sorciers israéliens, dont Sharon, qui voulaient casser le Fatah, mouvement plutôt laïque... Beau résultat : les tirs de roquettes et d'obus de mortiers se multipliaient depuis la fin de la trêve décidée par le Hamas, qui pensait pouvoir bénéficier de l'impunité en période électorale israélienne et avant la prise de fonction de Barak Obama. Mais le Hamas connaît aussi mal les Israéliens que les Américains, et il a provoqué l'intervention armée israélienne au pire moment, car la population gazaouie est lasse.

Les Israéliens ont refusé de traiter en temps utile, arguant du caractère terroriste du Hamas. Mais les résistants français furent eux aussi qualifiés de terroristes de 1940 à 1944. Et la lourde occupation israélienne, la transformation de Gaza en prison ou camp de concentration, comme on voudra, ne pouvait que favoriser l'émergence d'un mouvement de résistance.

Le délire médiatique habituel

Les combats ont donné lieu au délire médiatique habituel : génocide, crimes de guerre, réaction disproportionnée, etc.

Or il est clair que les troupes israéliennes ont avancé à pas comptés, avec le souci de ne prendre aucun risque pour les militaires de Tsahal, et d'éviter un bain de sang pour les civils vivant dans cette zone densément peuplée. Leur objectif est de détruire les dépôts d'armes et de munitions, les abris de la branche armée du Hamas, et les tunnels par où s'effectuent toutes sortes de trafics. Il leur faut surtout éviter de créer à Gaza une situation de chaos analogue à celle que l'on observe en Somalie.

Rappelons que le bombardement d'Avignon par les Alliés, fit en quelques minutes, le 27 mai 1944 au matin, 450 morts, 1200 blessés, essentiellement des civils, et que 500 maisons furent détruites. La population de la ville ne dépassait pas alors 60 000 habitants. Gaza, une bande de terre d'environ 50 kilomètres sur 10, comporte environ 1 400 000 habitants. En trois semaines de combats, il y a eu approximativement 1000 morts et 5000 blessés, avec une majorité de civils, parmi les habitants de Gaza. C'est important, c'est grave, cela ne résoudra aucun problème, mais on est loin des bilans provoqués par les bombardements alliés en 1944...

La mauvaise foi

Il y a d'abord une bataille médiatique : la branche armée du Hamas installe systématiquement ses mortiers, ses lance-roquettes près des écoles, des mosquées, des hôpitaux, des bâtiments de l'ONU, tire quelques coups, se replie, et espère une réplique israélienne avec dommages collatéraux qui provoquera le tollé de la presse. Cela dit, Israël a trop souvent pris l'ONU pour cible (depuis les assassinats du comte Bernadotte et du colonel Sérot, un Français, en 1947) pour que sa bonne foi ne soit pas mise en doute. Car il y a une recherche de boucs émissaires en Israël : lors d'un de mes voyages au Proche-Orient, un Israélien d'origine française me déclara : Tout cela (l'Intifada) est la faute de l'ONU et de la presse occidentale.

Il est évident que la solution du problème n'est pas simple, tant les haines sont fortes. Israël est rarement parvenu à s'entendre avec ses voisins depuis cinq millénaires. Et le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël ne permet pas de parvenir à une solution raisonnable : le retour d'Israël aux frontières de 1967, avec quelques aménagements à négocier ; la fin de la colonisation en Cisjordanie ; l'acceptation d'un État palestinien, même s'il n'est pas dirigé par des féaux d'Israël... On peut toujours rêver !

 

*Jean-Germain Salvan est général (2e section), 17 janvier 2009.

 

 

 

 

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