Petit éloge de la paternité
Article rédigé par , le 17 décembre 2010 Petit éloge de la paternité

L'auteur aborde son sujet de front. Il tente de faire comprendre à la première personne, dans un style direct, en s'appuyant sur son expérience, ses lectures, comment il vit sa paternité. Père de quatre enfants, il n'est pas loin de penser, comme Péguy, que le père de famille, ce héros qui fut détrôné de son piédestal, trahi par ses enfants, vilipendé à juste titre par nombre d'écrivains, au cours du terrible xxe siècle, pourrait connaître une seconde vie, à l'aube du xxie.

 

Nullement prosélyte, l'auteur ne juge pas les réfractaires de la paternité, mais il n'est pas loin de penser comme Kafka, le fils maudit, qu'élever des enfants demeure l'extrême degré de ce qu'un homme peut atteindre . Pourtant, rien ne le prédestinait, la cinquantaine venue, à devenir un père aimant. Adolescent, il était gavé de discours anti-familialiste, et se persuadait avec ses copains de Calais et de Lille où il a grandi, que jamais il n'aurait d'enfants, et qu'il n'y avait de pire destin que celui d'endosser le rôle du père. Héritier immédiat de 1968, il pensait la fonction caduque, et le mariage une pitrerie.

Trois décennies plus tard, il nuance le tableau. Et c'est avec une certaine gêne qu'il tente de comprendre maintenant ce déni de paternité. L'écrivain, sorte d'anti-Houellebecq, est un monsieur qui dit oui à la vie d'adulte, celui qui fait de l'instinct de reproduction l'affaire des femmes et des hommes, qui se confronte au sexe et à la mort, et qui célèbre les noces de la sexualité et de la reproduction avec une insistance parfois outrancière. Comme si de la génétique à l'éducatif, le cercle était parfait.

Son essai est sincère, et son plaidoyer cohérent : Faire des femmes les seules garantes de la vie, écrit-il, c'est leur faire porter tout le poids de la mort, et c'est le comble de la misogynie, qui n'est certes pas l'apanage des hommes.  Et puis, les pages sur les lourdeurs de la procréation médicalement assistée sont vraiment réjouissantes. Enfermer un homme dans une cabine avec des photos pornographiques, c'est encore aujourd'hui la manière dont la médecine conçoit le don du sperme. Il y a de quoi pleurer.

Le père divinisé du Père Goriot est peut-être mort, le père idéal de Victor Hugo, également, le père honni a accouché de grands écrivains. Mais est-ce une raison pour que son nom vienne à disparaître. Tapez instinct de paternité, Google vous proposera de recommencer avec cette orthographe : Instinct de maternité. La paternité demeure bien une aventure.

Georges Leroy

 

 

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