Non, la démocratie n'est pas menacée en France
Non, la démocratie n'est pas menacée en France

A chaque élection, la même chanson est entonnée  sur tout l’éventail de la gauche et du centre : « il faut barrer la route au fascisme » , « ne laissons pas l’extrême-droite arriver au pouvoir ». L’extrême droite, en l’occurrence le Rassemblement national. On brandit le spectre des « heures les plus sombres de notre histoire ».

Faut-il s’étendre sur l’ineptie historique de ces comparaisons ? Les « heures les plus sombres de notre histoire » furent les années de l’occupation 1940-1944 : elles résultèrent d’une défaite militaire dans laquelle la gauche a plus que sa   part de responsabilité.  

Le Rassemblement national est, à bien des égards, le contraire d’un parti fasciste : il n’a eu longtemps qu’une existence électorale, alors que le fascisme et ses émules méprisaient les élections, ne croyant qu’en la force. Il émerge aujourd’hui grâce à une élection et non par  quelque « marche sur Rome », ou autre coup d’Etat.  Il est, peut-être plus que d’autres respectueux des procédures démocratiques (en tous les cas plus que le parti démocrate américain) : il ne menace pas du chaos s’il ne gagne pas.  La gauche a imposé sa culture grâce à un quasi-monopole médiatique qui, lui, rappelle, quelques mauvais souvenirs. Quoi qu’en pensent certains tribunaux, on ne saurait établir un parallèle entre les manifestations dites d’extrême droite, presque jamais violentes, et celles de l’ultra-gauche (Black blocks, No borders, Comité Adama) dont on connaît les débordements allant parfois jusqu’au lynchage et à la mise à mort d’un journaliste de droite repéré parmi eux ou à l’attaque de policiers.  Ne parlons pas de l’islamisme, souvent allié de l’extrême-gauche.

Tous ceux-là mais aussi les partis plus modérés revendiquent l’exclusion des forces nationales du jeu politique avec une haine, une hargne dont on a connu peu d’équivalents dans l’histoire : bien pires que mai 68 par exemple, ce qui constitue une évolution inquiétante pour l’avenir de la démocratie elle-même.

Cette haine a son versant international : la Russie, quelques reproches qu’on puisse lui faire,  est poursuivie elle aussi d’une haine que, hélas, on n’avait pas connu à l’égard d ’Allemagne nazie, vraiment menaçante, elle.  Les  sanctions économiques de l’Occident  sont bien pires que celles dont on frappait    l’URSS de Staline. Les cibles ne sont  pas les mêmes mais  la montée des violences intérieures  n’est pas indépendante des risques de guerre.

 

Autre signe d’une différence radicale avec les années trente. Alors, ce sont les partis extrémistes qui voulaient la guerre ; les centristes, modérés, bons démocrates, ne la voulaient pas. Aujourd’hui les signes se sont inversés :  la presse des remplie de déclarations sur le danger des extrêmes, mais, de fait, les opposants à la guerre sont les partis dits extrêmes et ses partisans sont de bons centristes atlantistes, si peu contrariants qu’ils sont alignés sur les Etats-Unis ; Emmanuel Macron qui claironne la même antienne est, chacun en conviendra, bien plus dangereux pour la paix en Europe que Marine le Pen . Nous  avons assisté à ce que les physiciens appellent une inversion de signes qui invalide  les comparaisons avec le  passé . De ce fait, c’est, dans la  gauche idéologique, l’inversion accusatoire presque systématique qui prévaut. Si quelqu’un dénonce tel autre  comme violent et dangereux, c’est qu’il l’ est,  lui,  violent et dangereux !  Cela s’applique autant aux black blocks qui brandissent  des chaînes et des  barres de fer  qu’à Macron qui brandit la menace atomique.

On pourrait aussi parler des menaces  pour les libertés. Généralement ceux qu’on dénonce comme extrémistes demandent plus de liberté alors que les gouvernements européens, ne cessent de restreindre celles des peuples :  les prétoires débordent de procédures où l’un est poursuivi pour un mot de trop, un graffiti, une manifestation pacifique, alors que d’autres peuvent mettre Paris à sac sans être inquiétés.  Les mouvements d’extrême droite [1] ne sont pas interdites parce qu’ils seraient violents, mais pour faire croire qu’ils le sont.  Au motif de chasse aux mensonges (fake-news), c’est à dire de toute opinion dissidente, sur le climat, sur les vaccins etc. une censure de plus en plus pointilleuse s’installe à Paris et à Bruxelles. Il est avéré que Français sont de plus en plus prudents  pour dire ce qu’ils pensent.  La dictature n’est pas où l’on pense.

Quelle est  la signification profonde de ces accusations  portées contre  un parti  dans lequel se reconnait un tiers  du peuple français ?  

Elles nous font toucher l’ordre mondial tel qu’il règne aujourd’hui.  On a longtemps pensé qu’il s’agissait d’un soft power. L’attentat contre le gazoduc Nord Stream, la tentative d’assassiner Robert Fico, premier ministre de Slovaquie montrent qu’il est au contraire féroce.

La reductio ad hitlerum, arme du mondialisme

Or depuis longtemps la reductio ad hitlerum[2] ( on parle de fascisme mais en fait c’est du nazisme qu’il est question ) est une arme majeure de l’ordre mondial. Elle menace tous ses adversaires quels qu’ils soient . Ce nazisme de polémique    n’a  rien à voir avec l’affreuse réalité historique que nous connaissons. C’est un argument de propagande sans fondement. Être contre le mariage homosexuel, l’insertion de l’avortement dans la constitution, la légalisation des drogues douces, la théorie du genre ou le libre-échange sans frein, c’est du fascisme. Nous sommes bien  là en plein mythe, le produit d’une ingénierie  sociale parfaitement rodée au service du mondialisme, c’est à dire des puissants de la planète.

Le Rassemblement national a tout fait pour « se mettre aux normes » de l’ordre mondial. Il est même rallié à l’OTAN et à l’UE. Mais il continuera de subir l’opprobre de ne pas être de gauche.  Ce n’est pas lui qui menace l’ordre public mais une gauche sectaire qui croit combattre le « fascisme » mais défend en réalité l’ordre mondial.

Les élections européennes ont montré qu’au moins un tiers du peuple français n’était plus  dupe ces chantages.  C’est là la preuve, non que la démocratie soit menacée mais qu’au contraire elle y conserve des racines solides.

 

Roland HUREAUX

[1] Ainsi  le GUD, récemment.

[2] Une expression créée par Léo Strauss en 1952.