Affaire Jean-Michel ou la psychiatrisation d’une opposition
Article rédigé par Liberté politique, le 05 avril 2024

Depuis quelques mois circule sur les réseaux sociaux une rumeur folle selon laquelle la femme du président Brigitte Macron serait un homme nommé Jean-Michel Trogneux. Si nous ne prendrons pas la peine de rentrer dans le détail de cette « affaire », il convient néanmoins de s’intéresser aux implications d’une telle polémique.

Si ma tante en avait…

 

Partie d’un article et rendue virale par les réseaux sociaux, la théorie selon laquelle la femme du président serait en réalité un homme a fait du chemin. Des personnes que l’on ne soupçonnerait pas s’interrogent : et si Brigitte était un mâle ?
De pareilles rumeurs avaient entouré l’épouse du président Obama aux Etats-Unis avant d’arriver en France sur les réseaux sociaux. Là le chemin inverse a été effectué : la rumeur a connu une vie en France avant de s’exporter aux Etats-Unis. L’ampleur de la polémique a été telle que Brigitte Macron s’en est expliquée dans un média. Une justification qui n’a pas convaincu les sceptiques et qui a remis une pièce dans la machine.

Parmi les personnes qui s’intéressent à cette « affaire », il semblerait qu’une minorité y croit réellement quand d’autres préfèrent s’en amuser (ça ne coûte rien !). Difficile de jauger qui y croit et le miroir déformant des réseaux sociaux a pu donner une « importance très importante » à une rumeur qui aurait dû rester au stade de farce.

 

Ce que nous dit l’affaire Trogneux

 

Cette affaire d’apparence potache participe d’une psychiatrisation d’une partie de l’opinion contestataire. En s’engouffrant dans la brèche, les personnes qui défendent cette thèse et surtout qui lui donnent de l’importance passent pour des fous et discréditent toutes leurs prises de parole.

Le mensonge généralisé qui a eu lieu lors de la crise sanitaire a fait beaucoup de mal. En affirmant que le masque était inutile puis indispensable, en promettant qu’il n’y aurait pas d’obligation vaccinale avant de finalement créer un « pass sanitaire », le gouvernement a favorisé un climat de défiance inédit sous la cinquième République. Des esprits faibles se sont engouffrés dans la brèche et n’en démordront pas. Comme souvent avec les théories de ce type, il est plus question de ce que veulent croire les gens que d’une opinion rationnelle.

 

L’arbre qui cache la forêt

 

À s’attarder sur la question du sexe des anges, on perd de vue l’essentiel. S’il y a une question qui peut se poser sur la vie de Brigitte Macron, elle concerne l’âge auquel elle a noué une relation intime avec l’actuel président, peut-on parler alors d’emprise sur mineur, etc… ? Ainsi on pourrait aussi s’interroger sur l’hommage rendu au président à Frédéric Mitterrand, pédocriminel notoire et revendiqué. En s’attardant sur une rumeur farfelue, les promoteurs de l’affaire Jean-Michel favorisent paradoxalement ce qu’ils disent attaquer.

Par ailleurs, on peut aussi se demander, si l’on rentre dans la polémique : et si c’était vrai ? Il faudrait alors se demander : qu’est-ce que cela change ?

En réalité cela ne changerait rien si ce n’est que le président aurait menti ce qui ne serait pas une première.

 

Plus généralement, l’emballement autour de l’affaire Trogneux témoigne d’un état d’esprit inquiétant d’une partie des opposants au président. L’idée d’être seul détenteur d’une vérité cachée, d’être une avant-garde éclairée sur un sujet aussi futile montre à quel point l’instantanéité et l’usage déraisonnable des réseaux sociaux couplé au mensonge généralisé ont causé des dégâts dans une partie de l’opinion.  

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique

05/04/2024 01:00