Article rédigé par Roland Hureaux, le 31 mars 2022
Tout se passe comme si l’administration qui siège à Bruxelles et qui se fait appeler « l’Europe », avait pris, comme il arrive aux bureaucraties que personne ne commande, la voie de l’égarement intellectuel. La politique énergétique, avec ses absurdités, nous avait déjà donné des signes en ce sens, de même la lutte contre le réchauffement climatique, ruineuse mais qui ne ruinera que nous.
Réunis à Versailles autour d’Emmanuel Macron, les chefs d’Etat européens, suivant la proposition de la commission ne sont certes pas allés jusqu’à demander que l’Ukraine intègre l’OTAN, ce qui n’est pas de leur ressort, mais ils ont confirmé que Bruxelles s’arroge une compétence militaire qu’elle n’avait pas dans les traités et cela sans la moindre consultation des peuples ou des parlements nationaux. Immense décision de principe, prise sur le coup d’émotion qui a entouré l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Par rapport aux règles qui guident la « construction européenne » depuis le début, le procédé est pour le moins cavalier. Il confirme que l’on ne peut plus être démocrate et « européen » au sens de Bruxelles.
Et puisqu’on parle d’égarement, il faut bien dire que l’exercice de la nouvelle compétence commence très mal. Il a été décidé à Versailles d’envoyer un milliard d’euros d’armements aux Ukrainiens !
Cette somme promet certes de belles commissions. Ursula von der Layen s’y connait au vu de ses accomplissements en matière sanitaire où là aussi, Bruxelles s’était attribué une nouvelle compétence hors de toute procédure démocratique.
Il est surtout totalement irresponsable d’envoyer des armes dans un pays en guerre sans savoir à qui. La Russie a aujourd’hui gagné la partie. Seules restent à l’Est, quelques poches de résistance tenues par des milices surarmées et entrainées par les Américains, dont certaines sont authentiquement d’esprit nazi. Elles sont en voie de désagrégation : qui donc réceptionnera les armes ?
Cet envoi décidé sous les ors de la Galerie des glaces est un exercice particulièrement dangereux. N’ira-t-il pas à des bandes de pillards, comme il en prolifère après les guerres perdues, issues d’armées en débandade ?
Pour un coup d’essai de l’Europe de la défense, c’est vraiment là un coup de maître !
« L’Europe, c’est la paix », disait-on. Argument fallacieux : le traité de Rome a été signé douze ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Bruxelles a déjà contribué à mettre à feu dans les Balkans, puis en Ukraine en refusant en 2014 tout compromis sur l’adhésion de ce pays à l’UE. Elle continue à faire mourir de faim le peuple syrien. Helmut Schmidt, l’ancien chancelier allemand, n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer alors l’incompétence diplomatique de la commission européenne.
Premiers pas militaires suivis d’une humiliation magistrale. Deux heures après que les ouest-Européens réunis à Versailles sous la présidence de Macron aient pris leurs résolutions martiales, les Russes détruisaient la base de Yavoriv, aux frontières de la Pologne, où les armes reçues d’Europe ou d’Amérique étaient entreposées et l’entrainement des milices ukrainiennes et étrangères assuré. Pour l’Union européenne qui voulait s’engager dans le conflit sous ses propres couleurs, l’avertissement est rude. Pour Macron qui présidait, la gifle est cuisante ; il est vrai qu’avec Poutine, il est habitué.
Bruxelles aurait été mieux dans son rôle en suivant Israël qui conseille au président ukrainien de cesser le feu et de négocier.
Roland HUREAUX