Article rédigé par ripostelaique.com, le 25 octobre 2021
Source [ripostelaique.com] Le scoop qui ressort de cette interview de Marine Le Pen par la chaîne Livre Noir : la présidente du Rassemblement National ne se retirera devant quelque candidat « de droite » que ce soit, Zemmour compris bien entendu. C’est la même Marine Le Pen qui, en septembre 2017, déclarait :
« Si demain quelqu’un est mieux placé que moi pour 2022, je lui céderai la place »
Mais 2022 n’est plus 2017… La patronne du Rassemblement National semble avoir enfin compris que la politique est un vrai métier, et non une occupation de dilettante fille à papa…
Quelques extraits :
« Je n’adapte ni ma campagne ni mon discours sur Éric Zemmour, ne lui en déplaise, puisqu’il a le sentiment que tout se fait autour de lui »
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« Je pense qu’Éric Zemmour est misogyne. Je pense qu’il a une forme de mépris pour les femmes. Ça ne veut pas dire qu’il ne les aime pas, mais il ne les aime pas partout, il ne les aime pas dans tous les espaces, il ne leur accorde pas la légitimité naturelle qu’elles doivent avoir dans l’ensemble des espaces, puisqu’il conteste l’idée qu’elles puissent accéder à des postes de pouvoir. Je suis dérangée par la vision qu’il a que la femme est un attribut de l’homme. On le ressent un peu partout dans ce qu’il dit, quand il dit que la femme est un but et un butin de l’homme doué qui veut s’élever dans la société. On ressent que cette pensée est profonde puisqu’à chaque fois qu’un homme est en difficulté du fait de ses propres agissements, il vient le défendre : ça a été le cas quand il a défendu Strauss-Kahn, quand il a défendu Tariq Ramadan »
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« Le peuple français est probablement l’un des moins misogynes qui soit. C’est normal : [ce peuple] est le fruit de son histoire. Éric Zemmour ne pense pas que je puisse accéder au pouvoir parce que je suis une femme. Il pense que je ne peux pas accéder au pouvoir parce que je m’appelle Le Pen. Et d’ailleurs, il pense la même chose de Marion : il l’a déjà dit. Il a déjà dit : « De toute façon, ça, c’est des Le Pen, et les Le Pen ne peuvent pas arriver au pouvoir ». Donc il profite d’un argument qui est développé par nos adversaires politiques, et qui est la conséquence d’une diabolisation qu’il sait pourtant être injuste, pour justifier mon incapacité à arriver au pouvoir. »
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« Or je pense que je suis la mieux placée pour arriver au pouvoir et gagner face à Emmanuel Macron. Précisément parce que je tente d’éviter l’ensemble des provocations que je trouve inutiles, et qui sont autant de mobilisations de nos adversaires politiques dans le cadre d’un second tour »
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« Il y a mille raisons pour lesquelles je ne me retirerai pas. Je n’ai AUCUNE raison de me retirer. D’abord, c’est techniquement infaisable : il faut comprendre que la présidentielle, ce n’est pas une municipale. Donc on ne décide pas en février, en fin de campagne, alors qu’une énorme machine a été mise en route. »
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« Avant même cette considération technique, moi, j’ai des gens à défendre, j’ai des millions de Français qui me font confiance. J’ai 33% des Français qui ont voté pour moi au second tour de la dernière élection présidentielle. J’ai beaucoup de gens qu’Éric Zemmour considère comme un « ghetto » de chômeurs et d’ouvriers, d’après ce qu’il a dit. Mais j’ai beaucoup d’autres [soutiens] que ces chômeurs et ces ouvriers, qui déjà, se suffiraient à eux seuls qu’on les défende, parce que si je ne les défends pas, qui va les défendre ? La gauche a totalement abandonné les classes populaires, les classes moyennes sont elles-mêmes en voie de paupérisation : les commerçants, les artisans, les indépendants, tous ces gens-là, je crois, ont besoin que je porte un discours pour eux ».
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« Ce que ne comprend pas Éric Zemmour, c’est qu’il n’y a pas de cohésion nationale sans cohésion sociale. On ne peut pas faire la cohésion nationale en méprisant ou en laissant de côté des gens qui, de surcroît, sont les plus en difficulté, et donc qui ont le plus besoin, en réalité, que l’Etat régule, pour qu’ils ne soient pas les victimes perpétuelles de la politique menée ».
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« Rien ne me donnait la possibilité de retenir Marion : elle ne souhaitait plus faire de politique, elle souhaitait avoir une carrière privée – peut-être d’ailleurs pour revenir en politique plus tard… – Elle a été députée très jeune (elle était encore étudiante), et donc, elle voulait avoir une expérience dans le privé. Je trouve ça parfaitement honorable de sa part. Je n’aurais pas pu, de toute façon, la retenir »
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« Je crois qu’Éric Zemmour profite en réalité du fait que nous sommes sur le point d’arriver au pouvoir, et parce que nous sommes sur le point d’arriver au pouvoir, nous sommes devenus un parti de gouvernement. Et donc nous avons abandonné le « trash » [« déchets » en anglais], le « buzz, les déclarations tonitruantes qui, évidemment, créent une forme d’ivresse, que j’appelle l’ivresse de la radicalité : c’est « fun » d’entendre des propos extrêmement raides comme ça, mais ça ne fait pas un président de la République. Parce que pour être président de la République, je l’ai dit et je le répète, il faut être président de tous les Français. Et donc, les propos qui blessent, les propos qui divisent inutilement – parce que le moins que l’on puisse dire est que le discours que je tiens est un discours extrêmement ferme : le référendum que je propose, je crois qu’on ne peut pas aller plus loin dans les mesures pour régler le problème de l’immigration. Ça ne sert à rien d’y ajouter des choses qui sont des divisions inutiles.
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« Le pays a été divisé pendant cinq ans par Emmanuel Macron, il a fracturé le pays comme jamais. Et on continue ? On en rajoute ? Ou [au contraire], on essaie de réparer ce qui peut l’être pour donner un projet commun à l’ensemble des Français… ».
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« Je crois qu’Éric Zemmour n’a pas envie [que je lui propose une alliance]. Clairement, il veut être président de la République pour rien.»
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« Son engagement politique est extrêmement récent. Je ne suis pas du tout sûre que son engagement politique survive à cette élection présidentielle. Ce qui me permet de vous dire qu’il y a une forme d’aventure personnelle de sa part. S’il n’était pas au second tour, je ne le vois pas constituer un parti politique, une force politique pour pouvoir peser, combattre, partout dans l’ensemble des élections qui sont offertes aux Français pour s’exprimer. Je ne le crois pas. C’est « one shot » en réalité »
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Sur Jordan Bardella : « Bien sûr, [je l’imagine un jour candidat à la présidence de la République]. Mais ce n’est pas moi qui l’ai hissé [dans le « premier cercle » du Rassemblement National] : ce sont les adhérents du Rassemblement National qui l’ont hissé, puisqu’ils l’ont élu en première position du Conseil national [du parti]. J’ai joué un rôle [dans son ascension] quand je l’ai choisi pour être tête de liste aux Européennes, mais après, c’est lui qui a travaillé, c’est lui qui a convaincu. Il aurait pu ne pas convaincre, après tout. C’est lui qui a démontré les capacités qui étaient les siennes, le talent qui est le sien. Donc je pense qu’il a le talent pour envisager, évidemment, un jour, d’être candidat à la Présidentielle ».
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« Je ne me suis jamais positionnée dans [le choix entre Marion et Jordan]. Dans un mouvement politique, il y a des élections internes. Les adhérents choisissent une ligne politique. Ils ont choisi la mienne, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, et manifestement, personne n’a souhaité leur faire une proposition d’une autre ligne dans les élections internes. Marion a une autre sensibilité que la mienne. Je crois que c’est une sensibilité qui n’est pas exactement celle qui a été choisie par les adhérents du RN quand ils m’ont élue à chaque fois. Jordan, oui ».
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« J’appelle Marion à se positionner comme citoyenne, parce que je pense que quand on a eu la chance comme elle d’être élue députée, et de porter les espérances de millions d’électeurs pendant cinq ans, c’est assez difficile de dire du jour au lendemain : « Bon, ben tout ça ne m’intéresse plus ». Surtout qu’elle intervient régulièrement, en réalité, dans la vie politique. Donc soit elle n’intervient plus du tout et je comprends que même en tant que citoyenne elle n’ait pas envie de donner son avis, mais à partir du moment où elle intervient régulièrement, je pense que ce n’est pas inconsidéré que d’espérer – d’ailleurs elle l’a dit elle même – qu’elle se positionne à un moment donné ».
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Sur la rencontre d’Éric Zemmour et de Marion Maréchal à Budapest : « Je n’ai eu aucun ressenti, parce qu’en l’occurrence, ce n’était pas une rencontre politique : c’était une rencontre d’intellectuels, autour d’un colloque sur la famille. Qu’elle participe à des colloques ne me choque pas du tout, et qu’Eric Zemmour le fasse également ne m’apparaît pas extraordinaire de la part d’un écrivain comme lui. Je n’en ai pas tiré de leçon particulière ».
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Sur la culture du réseautage, et ses relations conflictuelles avec l’hebdomadaire Valeurs Actuelles : « Peut-être que je n’ai pas cette culture [du réseautage]. Est-ce que j’apprécie Geoffroy Lejeune ? Ce serait difficile de l’apprécier compte tenu de l’hostilité qu’il exprime de manière récurrente à mon égard. Ce sont d’autres considérations qui le poussent à être extrêmement agressif et hostile à mon égard. J’ai rencontré Valeurs Actuelles, comme je rencontre l’ensemble des rédactions de la presse française. Quand un journal, qui est censé être positionné relativement proche de nous sur le plan des idées, vous traite plus mal que Libération, vous vous dites qu’il y a probablement autre chose… »
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Sur l’éventualité de se rapprocher d’Éric Zemmour si celui-ci était élu président : « Arrêtez la politique fiction ! Je ne crois pas du tout qu’Éric Zemmour ait la possibilité d’être élu. Déjà, je ne pense pas qu’il ait la possibilité d’arriver au second tour, et encore moins d’être élu ! Le positionnement qu’il choisit, la volonté qu’il exprime de ne pas rassembler, les agressions verbales à l’égard d’à peu près tout le monde, font qu’à mon avis il n’est pas assez rassembleur pour gagner une élection présidentielle. Une élection présidentielle à deux tours, c’est une spécificité française, et ça a été voulu comme ça. Donc je ne crois pas du tout qu’il ait cette possibilité ».
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« Si je ne suis pas élue présidente, bien sûr que je continuerai à faire de la politique. Autrement. Il y a cent manières de faire de la politique. Je ne suis pas sûre que [j’adopterais une position de conseillère], sauf si on vient me le demander. Ce qui est sûr, c’est que je n’abandonnerai pas les Français au motif que leurs voix me m’auraient pas [permis d’accéder à la Présidence] ».
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Comment Marine Le Pen se voit dans vingt ans : « Je n’en sais strictement rien. Je ne me pose pas cette question. Je combats depuis longtemps maintenant (…). Toute jeune, j’ai combattu pour mes idées. J’ai combattu pour faire élire Jean-Marie Le Pen, pendant longtemps. J’ai combattu pour accéder au pouvoir, parce que je pense que c’est ce dont la France a besoin ».
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« Il y quelques mois, Jean-Marie Le Pen m’a dit : « Je vais appeler Éric Zemmour pour lui dire qu’il n’a aucune chance d’être élu », etc., etc. Je ne lui avais pas demandé de le faire, d’ailleurs ».
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Qui sera son futur Premier ministre ? : « Je pense que [le choix du] Premier ministre, c’est la chose qu’on choisit presqu’en dernier, et en secret en réalité. Mon problème, c’est de choisir qui sera mon Premier ministre, ce n’est pas de le trouver… Hors de question que je m’avance sur ce genre de question. D’autant que je me permets de vous rappeler que ça dépend aussi des élections, des gens qui vous rallient, et en règle générale, [ça dépend des tractations] entre les deux tours. Ce qui est sûr, c’est que j’ai en tête un certain nombre de ministres. Mais moi, je défends mon projet. Éric Zemmour dit : « Moi, je veux être président de la République, je ne veux pas être premier ministre ». On a envie de lui dire : « Bon, est-ce que vous pourriez nous présenter votre Premier ministre pour qu’il puisse répondre précisément aux questions sur le pouvoir d’achat, sur les retraites, sur le plan économique, etc ? ». Moi, j’assume et je porte, en tant que présidente, l’intégralité de mon projet, que j’ai réfléchi, pesé, maturé, affiné, confronté aux Français depuis maintenant presque dix ans ».
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Crainte de débattre avec Éric Zemmour ? « Non, pas du tout. Je trouve qu’il ne devrait pas trop aller sur ce terrain-là, d’ailleurs, qui est un terrain qui n’est pas très… [Marine Le Pen ne termine pas sa phrase]. Non, c’est pas bien de faire ça : je n’ai aucune, mais aucune, inquiétude à débattre avec Éric Zemmour [pas plus] qu’avec Emmanuel Macron. C’est pas parce que vous ratez un match que vous êtes bonne à mettre à la casse. Zemmour a débattu avec Mélenchon : j’ai trouvé le débat plutôt équilibré… Personne n’a écrasé l’autre ».
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