Valéry Giscard d'Estaing : l'héritage maudit
Article rédigé par Constance Prazel, le 04 décembre 2020

Après Jacques Chirac il y a tout juste un an, la France vient de perdre un nouveau président de la République, en la personne de Valéry Giscard d’Estaing. La presse nous soutient mordicus qu’il est mort du Covid. Nous nous permettrons de nuancer en affirmant qu’à 94 ans, il est surtout mort de vieillesse, une cause de mort qui n’a plus droit de cité aujourd’hui, mais qui n’en reste pas moins honorable...

Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé une journée de deuil national pour le mercredi 9 décembre. Toutes les personnalités politiques y vont de leur petit couplet pour saluer sa mémoire, et le plus lamentable est que le concert de louanges provient de la gauche comme de la droite.

Qu’il nous soit permis de ne pas nous associer à cet hommage. 

Il est certain que Valéry Giscard d’Estaing appartenait à une génération qui avait encore « une certaine idée de la France », un sens du régalien, qu’il était un homme de culture et qu’il émanait de lui en tant que chef d’Etat une dignité solide dont sont bien incapables nos deux derniers présidents, pour ne citer qu’eux. Mais c’est à peu près tout le mérite que nous lui concèderons. 

Il suffit de se pencher sur le contenu des hommages qui lui sont rendus pour percevoir l’étendue des dégâts. Autant l’on salua l’homme et sa carrure à la mort de Jacques Chirac, autant la mort de Valéry Giscard d’Estaing donne lieu à une avalanche d’odes au progressisme, toutes aussi consternantes les unes que les autres. Valéry Giscard d’Estaing : l’homme qui fit entrer la France dans la vraie modernité ! Ainsi, Nicolas Sarkozy s’incline devant l’homme qui a « réussi à moderniser la vie politique », tandis que François Hollande salue le chef d’Etat qui a « fait le choix de l’ouverture au monde. » Christophe Castaner, pour sa part, met en valeur « son action moderne et résolument progressiste. » 

Parlons-en. 

Pêle-mêle, sans les mettre en bouquet, voici la longue liste des erreurs gravissimes du « président du progrès », dont nous ne cessons de payer les conséquences dans notre France de 2020 réduite en lambeaux. Pas un secteur n’a malheureusement échappé au bombardement au napalm de son progressisme.

Sur le plan économique, on doit à Giscard d’Estaing l’indemnisation du chômage à 90 % en cas de licenciement économique, qui allait créer une formidable dévalorisation du travail et permettre l’installation d’un chômage chronique et structurel dans notre pays. Sur le plan éducatif, il mit en œuvre la désastreuse réforme Haby de juillet 1975, instaurant au nom de la démocratisation de l’enseignement un tronc commun sans filières, de fait redoutable machine à niveler l’éducation par le bas. Sur le plan moral et social, geste secondaire, mais fort en symbole, il inaugura un secrétariat à la condition féminine, ancêtre du portefeuille de Mme Schiappa : cela pour ouvrir la porte au remboursement de la contraception par la Sécurité sociale et au divorce par consentement mutuel. Enfin, le plus important et le plus grave, Valéry Giscard d’Estaing est bien sûr celui qui rendit possible la légalisation de l’avortement, contre l’avis de son ministre Lecanuet, mais avec l’onction dramatique donnée par la figure de Simone Veil.

Mais ce n’est pas tout. Sur le plan politicien, Valéry Giscard d’Estaing fut aussi l’ardent promoteur de la synthèse bancale « de la droite et du centre » que nos politiciens continuent encore aujourd’hui de considérer comme l’alpha et l’oméga de tout programme respectable. Sur le plan international, il trouva de bon goût d’aller fleurir la tombe de Lénine à Moscou. Il commit le crime d’abandonner à son triste sort le shah d’Iran chassé de son trône par le fou Khomeiny réfugié en France, permettant le triomphe de la révolution islamiste. Sur le plan européen, il facilita le grand bond en avant vers l’Europe fédérale en acceptant l’élection d’un Parlement européen au suffrage universel direct, disposant de larges pouvoirs financiers, une marche indispensable vers la supranationalité, dans un processus qui ne devait par la suite plus connaître de véritable cran d’arrêt.

Enfin, aux côtés de la légalisation de l’avortement, une autre décision pourrait remporter la palme du désastre : l’autorisation du regroupement familial, qui allait favoriser un accroissement infini de l’immigration dans notre pays, une mesure prise à la faveur d’un aveuglement stupéfiant sur la réalité des structures familiales des immigrés du travail venus sur le sol français. C’est peu de dire que nous continuons d’en payer les conséquences : aux côtés de la loi Veil qui a mis fin à plus de 8 millions de petites vies humaines, cette loi conduit sûrement notre société à sa dissolution dans un grand tout multiculturaliste. 

Plus de quarante ans après, il est aisé de mesurer les effets inouïs et terribles de toutes ces décisions qui, l'une après l'autre, ont rendu possible la destruction en profondeur de notre société française au nom du modernisme. Il est même probable que notre liste ne soit pas exhaustive… 

Vous l’aurez compris, nous ne rendrons donc pas hommage à Valéry Giscard d’Estaing. Ceux qui méritent un éloge sont bien plutôt ceux qui ont réalisé, dès l’époque, dans quelle impasse il nous menait et combien notre pays allait souffrir de ses décisions mortifères. Ils ont été bien peu nombreux : nous saluons aujourd’hui la mémoire de tous ces résistants dont il importe de reprendre le flambeau pour faire échapper notre pays à la mort. 

Constance Prazel