Article rédigé par Blog Benoît et moi, le 13 février 2019
Source [Blog Benoît et moi] Ce n'est pas le premier... Il écrit à AM Valli pour lui confier son désarroi face à ce pontificat dérangeant (7/2/2019).
Je suis un prêtre du diocèse de Gênes et je n'aurais jamais pensé arriver à nourrir une telle perplexité à l'égard de celui qui siège sur la Chaire de Pierre. J'ai toujours considéré le Pape comme une référence inamovible dans ma vie chrétienne. Ceux qui, comme moi, ont grandi avec Jean-Paul II, ont vu dans les papes de grands exemples de foi vécue dans le concret et dans la sainteté.
J'ai accueilli avec regret la démission du pape Benoît XVI. Il n'utilisait jamais de mots au hasard, il était sage, il m'a aidé à m'élever vers le transcendant: un homme de Dieu.
J'ai vécu l'élection de l'archevêque de Buenos Aires sans préjugé:je ne le connaissais pas, et puis d'un autre côté le Pape est le Pape.
Pendant des mois, j'ai écouté avec intérêt ses paroles, voyant en lui une simplicité qui m'a fait dire: «Au vu de sa capacité à entrer dans le cœur des gens, de sa sensibilité envers ceux qui souffrent, il réussira peut-être à être plus incisif dans l'annonce du Christ et des vérités de la foi, de manière à réveiller les peuples occidentaux de cette anesthésie des consciences».
Mais jour après jour, j'ai commencé à percevoir un crescendo d'ambiguïté très subtil. Dans ses messages, je notais quelque chose de déformé. Au début, je ne le comprenais pas bien, mais c'était comme si de ses paroles, de ses réparties, de ses interviews, émergeait un regard complètement horizontal sur la vie, à l'exclusion du plan vertical et du jugement de Dieu et avec un mépris bien peu miséricordieux pour ceux qui ont d'autres opinions.
Aujourd'hui, je dois dire que dans l'Église catholique, je me sens presque dans une religion différente de celle dans laquelle j'ai été élevé quand j'étais enfant. L'obsession pour les thèmes sociaux est insupportable. Il semble qu'aient été oubliés les grands saints de la charité, pour lesquels l'attention au frère naissait de la contemplation et de l'adoration du Christ. Les appels de Bergoglio sonnent comme ceux d'un homme politique. L'Église «en sortie» et «hôpital de campagne» est considérée comme une agence de services sociaux.
Franchement, tout en partageant l'importance d'aider les pauvres et les nécessiteux, une Église comme celle-là ne m'attire pas, elle n'est pas la communauté de ceux qui sont sauvés par Christ.
Je suis également frappé par l'ambiguïté sur les questions familiales. Parfois, les discours du Pape semblent beaux, mais ensuite, en y repensant, je me rends compte qu'ils ne transmettent pas une vision claire. À quoi Amoris letitiae a-t-elle abouti? A une grande confusion. Concrètement, aujourd'hui chacun fait ce qu'il veut, met l'homme au premier plan et oublie le commandement divin.
Cette confusion, ce manque de clarté, sont inquiétants: ils semblent intentionnels. Mais dans quel but?
Dans la foi, je cherche la clarté, la solidité. Je cherche le salut. Mais aujourd'hui, il semble que le pape nous dise qu'il suffit de faire un peu de bien à l'autre et pour le reste tout va bien. Il n'y a plus l'annonce du Christ comme unique sauveur, plus l'appel à la vie éternelle et aux choses du ciel.
Je n'aurais jamais pensé éprouver une telle perplexité face à la figure du successeur de Pierre, mais franchement je ne la comprends pas, je me sens perdu. Je continue parce que sans le Seigneur, la vie n'est que désespoir et j'essaie de rester fidèle à cet ineffaçable depositum fidei bimillénaire. Je me nourris de la vie des saints, j'écoute les paroles de Marie dans les apparitions, qui rappellent le sens vertical de la vie. Et j'avoue avec tristesse que j'ai du mal à prononcer le nom de notre Pape pendant la messe. J'ai du mal à le voir à la télévision et quand des gens m'interrogent à son propos, j'essaie de changer de sujet. Je suis oppressé par l'idée que celui qui devrait être pour moi le chef de l'Église sur terre n'est qu'un obstacle que je préfère désormais éviter.
Où nous mène le successeur de Pierre? Où veut nous conduire cette Église qui ne nous indique pas le péché mortel et ne nous aide pas à l'éviter? Que veut-elle nous dire quand elle oublions d'affirmer que le Christ est le seul sauveur et que les religions ne sont pas toutes égales? Veut-on nous emmener au ciel, ou bien ailleurs ?
Un prêtre