Article rédigé par Revue Limite, le 03 octobre 2018
Source [Revue Limite]
Le 14 juin 1912, Charles Péguy, rendu inquiet par la santé de son fils Pierre, quitte le village de Lozère et se lance pour la première fois sur les routes de Chartres. Accompagné de son ami Alain-Fournier, futur auteur du Grand Meaulnes, il effectue ainsi son premier pèlerinage, quatre ans après son retour à la Foi.
En juillet 2018, rendu inquiet par mes résultats de partiels et par mon avenir académique, je quitte la ville de Paris et me lance pour la première fois sur les routes de Chartres. Accompagné de mon ami catholique tradi, habitué des longues marches, j’effectue ainsi mon premier pèlerinage, sur les pas d’un des auteurs catholiques qui m’ont le plus marqué.
Ce parcours, Péguy l’effectuera trois fois, les trois années précédant sa mort sur le front de la Marne. Chaque fois, animé de diverses motivations (deuil, chagrin d’amour ou simplement soif de prière), il s’y rend avec différents compagnons de route choisis parmi ses connaissances. La première fois Alain-Fournier, qui l’abandonnera en cours de route (je rends grâce à mon camarade de ne pas avoir cédé à cette tentation). La deuxième fois, Fournier étant occupé avec sa maîtresse, c’est le fils de Péguy qui fera une partie du chemin avec lui. La troisième fois, il fera l’aller-retour en train en compagnie d’amies.
Du 14 au 17 juin 1912 donc, Péguy entreprend son premier pèlerinage à Chartres. Il y va officiellement en action de grâce pour la guérison de son fils Pierre malade de la fièvre typhoïde. En réalité, ses motivations sont bien plus diverses. Harassé par les difficultés matérielles (Les Cahiers de la Quinzaine, dont il est le fondateur et directeur, n’auront jamais le succès suffisant pour lui garantir une vie confortable) mais aussi sentimentales (l’amour qu’il porte à Blanche Raphaël et qu’il doit combattre, par fidélité pour sa femme et ses enfants) c’est en pénitent qu’il se rend à Chartres, pour confier ses douleurs à la Vierge.
Intrigué par l’auteur depuis la découverte de son œuvre, me lancer derrière lui sur la route du pèlerinage me semblait essentiel pour situer l’état d’esprit dans lequel il avait renoué année après année un peu plus profondément avec la foi de son enfance. Car cette foi qu’il redécouvre est indissociable de son œuvre, elle en est même la matrice durant les dernières années de sa vie.
Décidé donc à communier avec Péguy à travers ce chemin, et au passage à confier à la Vierge un tas de tracas estudiantins, je sollicitai un ami, routier expérimenté, pour l’inviter à vivre l’expérience avec moi. Nous nous sommes donc retrouvés quelques semaines plus tard à marcher dans la campagne beauceronne aussi équipés que possible, lui à guider mon chemin et moi à ponctuer le parcours de lectures de Péguy.
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