Article rédigé par Olivier Damien, le 30 janvier 2017
Ce dimanche soir, le rideau est tombé sur le dernier acte des primaires de la gauche. Comme il fallait s’y attendre, c’est Benoît Hamon qui décroche le premier rôle dans la tragi-comédie qui s’annonce pour le Parti socialiste dans les mois à venir.
Le piètre bilan de Hollande et Valls ne pouvait être mieux sanctionné. Il est vrai que, pour les organisateurs de cette primaire, les défis étaient nombreux. Tout d’abord, il fallait crédibiliser le parti aux yeux d’un public qui n’a cessé de l’abandonner au cours de ces dernières années. Ensuite, il convenait de donner du poids au candidat choisi pour la présidentielle, pour affronter, à gauche, Mélenchon et Macron. Enfin, il était indispensable de faire émerger une ligne politique claire et cohérente, à même de permettre la reconstruction de la maison socialiste.
Force est de constater qu’aucun de ces objectifs n’a été atteint. En effet, sur le premier point, le faible taux de participation du premier tour, mais surtout les soupçons de tricherie qui ont été soulevés à l’intérieur même du parti, ont largement obéré la portée de la consultation. Et ce n’est pas le faible sursaut du second tour qui sera de nature à faire oublier ce qui restera inscrit comme un échec flagrant. Les électeurs de gauche désertent en masse, et livrent leur mouvement à une lente agonie.
Sur le second point, même si Hamon distance son concurrent de manière significative, ce score ne suffit pas au désormais champion de la gauche pour la présidentielle pour qu’il s’affirme comme le porteur d’un courant susceptible de rallier une majorité de Français en avril et mai prochains. Bien plus : les critiques émises dans son propre camp quant au contenu de ses propositions utopiques ont fini de le fragiliser et lui interdisent d’espérer compter dans l’élection présidentielle.
Enfin, sur le troisième point, il apparaît comme une évidence que le programme défendu par le député de Trappes ne saurait constituer une base suffisamment partagée chez les socialistes pour pouvoir reconstruire le parti de la rue de Solférino.
C’est donc une période faite d’inconnu et de dangers qui attend le parti créé par François Mitterrand.
Si la présidentielle, à moins d’un revirement de dernière minute comme la politique nous en réserve parfois, apparaît déjà comme perdue, il reste en revanche deux objectifs importants. Les législatives, d’une part, et la prise de contrôle du PS, d’autre part. En ce qui concerne ces enjeux, ils ne pourront être défendus qu’en faisant de larges concessions. Vis-à-vis de la gauche de la gauche et des écologistes, pour ce qui relève des législatives. Et en direction des autres courants internes au PS, si Hamon souhaite encore sauver le parti. Mais le souhaite-t-il vraiment ?
À l’issue des primaires de droite et de gauche, les cartes sont en réalité complètement rebattues. D’abord, parce qu’au lieu d’avoir fait émerger une ligne majoritaire et pleinement assumée au sein des partis concernés, elles ont exacerbé les différences et accentué les divisions.
Ensuite, parce qu’elles ont suscité une radicalisation des positions qui a mis à mal toute possibilité de consensus. De cette confusion générale il ressort que le jeu reste très ouvert, et que tout peut arriver en mai prochain. Et ce, d’autant plus qu’un certain nombre d’affaires passées, présentes ou à venir sont susceptibles de s’inviter à tout moment dans les débats. Quoi qu’il advienne, c’est une France d’une extrême fragilité qui risque fort de sortir des urnes au prochain printemps. Après le quinquennat destructeur dont nous sortons, est-ce bien cela que veulent les Français ?
Source : Boulevard Voltaire