Article rédigé par Gilles William Goldnadel, le 24 août 2016
[Source : Figaro VOX]
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Au Puy du Fou, Emmanuel Macron a déclaré qu'il n'était pas socialiste. Pour Gilles-William Goldnadel, le monde politique a changé. Une telle déclaration aurait choqué il y a une décennie tandis que Philippe de Villiers n'est plus le diable.
La visite rendue par Emmanuel Macron à Philippe de Villiers est bien plus intéressante pour ce qu'elle ne dit pas que pour ce qui en a été dit.
Que le ministre au bord du Rubicon ait décidé de commettre un nouveau geste identitaire après sa visite à la pucelle en dit long sur ses ambitions.
Qu'il ait fait acte public de non - socialisme tient moins de l'honnêteté revendiquée que de l'instinct de conservation , à un moment où toute allégeance au parti de la rive gauche relève, selon les sondages, du masochisme le plus sauvage.
Au fond, l'anti-modèle du ministre s'appelle Cambadélis. Non seulement dans son pré carré économique réservé, mais encore par opposition aux imprécations antifascistes et antiracistes convenues, dont le premier secrétaire du parti s'est fait une spécialité obligée qui ne fait plus recette.
Nous verrons, par exemple, prochainement si les initiatives subliminales du non-socialiste gouvernemental s'avéreront plus commerciales que le discours plus concret en matière d'autorité et d'identité d'un Premier ministre qui, même s'il a raillé leur sur-moi marxiste, ne peut renier les camarades qui lui restent.
Mais, sous l'écume politicienne, en profondeur marine, dans le creux du non-dit, ce qui devrait intéresser bien davantage, c'est l'absence de toute véritable protestation à ce qui a été présenté brièvement comme une manière de transgression.
L'imagination est impuissante à décrire à quoi aurait ressemblé la réaction médiatique de la classe conformiste il y a encore une poignée de mois.
Mais, éclatante revanche, Monsieur de Villiers ne fait plus peur ni rire, ni par son nom, ni par ses origines, ni par ses idées.
Il y a encore une demie décennie, des marionnettes du bocal à la mode tenaient pour ridicule un patronyme à particules qui sentait trop le bocage local. On aurait ri à l'identique d'un nom juif ou arabe, que le rieur se serait retrouvé devant le tribunal. Aujourd'hui, ce sont les pantins ringardisés qui sentent le formol.
Il y a quelques lustres, l'actuel maire-adjoint de la maire de Paris et vice-président de SOS-Racisme faisait expulser manu militari ce fils de résistant, et l'une des rares personnalités politiques venues manifester son indignation après l'assassinat d'Ilan Halimi.
Aujourd'hui, c'est l'association subventionnée à but non lucratif et prétendument antiraciste qui inspire, dans le meilleur des cas, une franche hilarité.
Il y a quelques années, on aurait moqué encore le Chouan avec ses gros sabots. J'ai eu l'honneur de préfacer l'ouvrage irremplaçable de Reynald Seycher, consacré au génocide du peuple vendéen. J'expliquais les réticences de l'idéologie dominante à la reconnaissance de ce que Babeuf lui-même nomma un «populicide» délibéré: non seulement le fait que l'horreur ait pu être accomplie par la république, mais plus encore parce qu'un peuple catholique et blanc ne correspondait pas à l'idéal du peuple victime dans l'inconscient collectif des années 2000.
Nous n'en sommes plus là, et nous savons bien que les chrétiens peuvent être les victimes du fanatisme politique ou religieux.
À ce sujet encore, l'homme du Puy-du-Fou fut moqué ou morigéné par des journalistes très intelligents et très bien informés pour avoir osé le premier attiré l'attention du public sur les risques de la présence dans les aéroports de nombreux bagagistes islamistes.
Après les premiers attentats, légèrement penaud, monsieur Martinez était obligé de convenir qu'il avait été contraint de retirer leurs cartes syndicales à des centaines de cégétistes barbus et badgés de Roissy et d'Orly….
Quant aux critiques de l'Europe multiculturaliste par l'ancien responsable du Mouvement Pour la France, inutile de les répéter, elles passeraient aujourd'hui pour des évidences publiques et des lieux trop communs.
Mais au-delà encore de la justice rendue à un homme vilipendé par les sots et les cuistres, ainsi qu'à tous ceux qui n'ont jamais craint de célébrer leurs racines tout en sachant regarder vers le ciel, la visite faite à Philippe en dit long sur le déplacement du curseur politique.
J'ai toujours en effet pensé et écrit que l'extrême gauchisation du spectre politique résultait en premier lieu de l'appropriation par l'idéologie dominante des instruments médiatiques de qualification et d'appellation des acteurs du monde politique et intellectuel.
Dans ce qui ne fut qu'un jeu de rôle, ceux qui s'opposaient extrêmement à l'extrême gauche, à son multiculturalisme opposé à l'application de la loi sur les flux migratoires, à sa xénophilie opposée à toute critique de l'immigration ou de l'islam radical, à son laxisme opposé à la répression étatique par l'incarcération ou l'expulsion, étaient étiquetés «d'extrême droite» pour être parqués dans un zoo et être moqués par les petits enfants.
J'ai évoqué un jeu de rôle, parce qu'au fond, les excluant ne croyaient pas sérieusement que les exclus du débat démocratique étaient des dangereux racistes. Ils préféraient dire «fachos» qu'oser «fascistes», comme le faisaient les communistes lorsqu'il s'agissait de qualifier le général De Gaulle. Ils ne croyaient pas à ce qu'ils disaient, mais le système à exclure, à excommunier, à ridiculiser aura bien fonctionné pendant 40 ans.
Les coups de boutoir de la réalité ont enfoncé les murs du ghetto, et déplacé le curseur vers la droite. Le réalisme vient bousculer l'idéologie dictatoriale quarantenaire. Quelqu'un qui soutient que les migrations islamiques illégales présentent un danger pour la sécurité et l'identité n'est plus forcément classé à l'extrême droite. Quelqu'un qui soutient qu'aujourd'hui, il convient de ne pas expulser un migrant non éligible au droit d'asile, hier au centre gauche du curseur manipulé idéologiquement , sera très certainement classé à l'extrême gauche. Et c'est de lui dont on se moque sans l'exclure. Mais il ne passera pas avant longtemps pour clairvoyant , généreux ou intelligent.
Monsieur Cambadélis et ses amis , peuvent bien poursuivre leurs imprécations, plus personne n'écoute. Pas même Monsieur Macron.