Article rédigé par Pierre Cassen, le 09 juin 2016
[Source: Boulevard Voltaire]
Hollande a beau trafiquer les chiffres du chômage, il ne décolle pas. 14 % d’opinions favorables, cela fait désordre.
Les nombreux communicants de l’Élysée se grattent la tête. Comment sauver un employeur à l’agonie ? Hollande a beau trafiquer les chiffres du chômage, il ne décolle pas. 14 % d’opinions favorables, cela fait désordre, surtout que le même annonçait, quand Sarkozy était à l’Élysée, qu’un Président ne pouvait pas gouverner en dessous de 30 % de confiance. Et voilà que même Mélenchon annonce qu’il se présente pour terminer devant lui ! Et personne n’éclate de rire, c’est dire la gravité de la situation. Pour ne rien arranger, les statuts du PS prévoient l’obligation, pour Cambadélis, d’organiser une primaire, comme celle qui a permis au futur Président de se débarrasser d’Aubry en 2011. Alors, que faire ?
Espérer de nouvelles inondations ? Plus la Seine montait, plus Hollande coulait. Miser sur un nouvel attentat des fous d’Allah, à quelques semaines du premier tour ? Cela a marché deux fois, mais un troisième – jugé inévitable par le chef de la Sécurité intérieure — finirait par retomber sur le gouvernement et le Président. Ceux-ci devraient répondre à des questions très gênantes, quant à leur inaction criminelle, depuis janvier 2015.
Donc, il faut miser à fond sur le football, nouvel opium du peuple. Mais lors de la dernière finale, PSG-Marseille, ses conseillers ont vivement recommandé à Hollande de rester dans les tribunes, et de ne pas descendre sur la pelouse, comme c’est la tradition, pour serrer la main des joueurs. Surtout ne pas se retrouver avec une bronca de 80.000 personnes, à côté de laquelle celle des 24 heures du Mans ou du Salon de l’agriculture serait du pipi de chat.
En revanche, l’Euro commence à Paris, dans 48 heures, et va durer un mois… Ses communicants le lui ont dit : il faut en faire des tonnes sur son amour du ballon rond. Les Français doivent comprendre qu’il kiffe le foot depuis son enfance, François. Sa conseillère en sport, Nathalie Iannetta, ancienne journaliste à Canal+, lui a recommandé un nouveau coup de communication : naturaliser français Rai Souza Vieira de Oliveira, plus connu sous le nom de Rai, 51 ans, ancienne vedette brésilienne du PSG. La raison ? Son engagement à aider les jeunes défavorisés des favelas brésiliennes. Pourquoi ne pas aller plus loin et naturaliser Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé ? Et Franz Beckenbaueur ? Et Ronaldo ? Et même Zlatan Ibrahimović, qui a régalé Paris pendant quatre ans. Ils ont tous fait un chèque humanitaire un jour, ils ont tous dit une fois que le racisme, c’était pas bien… Tous français !
Le même Ibra se sent obligé, ce jour, de parler du président de la France, mais en se foutant ouvertement de lui :
Je peux le rendre populaire si je veux. Mais je ne sais pas si j’en ai envie. »
Hollande est fasciné par Chirac. Il s’est fait élire en Corrèze, comme lui. Le chef du RPR, en 1994, était au fond du trou. En 1995, il était Président. En 1998, grâce à la victoire des Bleus, il a été au sommet dans les sondages pendant plusieurs mois. Et il a été réélu, miraculeusement, en 2002, bien qu’ayant fait le plus bas score d’un Président sortant, parce qu’en face il y avait Jean-Marie Le Pen. En 1998, Chirac avait acheté un numéro 23 pour soutenir les Bleus. Hollande, dix-huit ans plus tard, portera donc un numéro 24, avec son nom dans le dos…
Remplacez la Coupe du monde 1998 par l’Euro 2016, Jean-Marie 2002 par Marine 2017, et vous comprendrez pourquoi Hollande, malgré ses 14 %, y croit encore…