"Il y a deux ans, la Fondation de service politique a pris l'initiative d'une pétition (qui a récolté 1,4 millions de signatures à travers l'Europe) pour introduire une référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la Constitution.

Non par culte de l'histoire, mais pour fonder en droit l'Union sur une perspective conforme aux intentions de ses fondateurs et à sa réalité profonde.

Trois défis en effet nous attendent.

La portée de la Charte des droits fondamentaux incluse dans le projet constitue le premier : déconnectée de sa référence anthropologique, celle-ci dérivera au gré de l'arbitraire et du positivisme juridique.

Le deuxième, c'est celui du fonctionnement technocratique actuel, caractérisé par ses carcans procéduraux qui donnent à la Commission la clé de tout, et par l'avalanche réglementaire ; il ne peut aboutir qu'au blocage et à la révolte. Le traité n'y change pas grand-chose, au-delà d'innovations surtout formelles, alors qu'on attendait l'émergence d'une véritable dimension politique qui reste à inventer.

Le troisième défi concerne l'élargissement, et donc l'identité même de l'Europe : on n'en fera pas l'économie puisque c'est aussi son rapport aux autres pays et peuples qui est en cause, par là le respect de ceux-ci dans leur propre spécificité, et par conséquent la paix.

Le non ne signifie pas le chaos ; il est même opportun dans le contexte actuel. S'il vient de France, pays fondateur, il ne sera ni anodin ni méprisé : au contraire, il obligera les gouvernements à se remettre au travail. Je voterai donc non."

Propos recueillis par Claire Lesegretain, La Croix du 19 avril 2005

*Vice-président de la Fondation de service politique, cadre dirigeant dans un groupe bancaire.

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