L'article de M. Arjakovski ne peut laisser indifférent ("La France va-t-elle reconnaître l'identité ukrainienne", Décryptage, 10 décembre), mais il suscite tout de même un doute. La question est-elle seulement celle de l' "identité ukrainienne" dont l'auteur s'emploie efficacement à démontrer qu'elle n'est pas usurpée? N'est-elle pas, aussi et surtout, celle de la place d'une Ukraine plus démocratique en Europe?

 

En effet, s'il n'est pas contestable que ce pays est bien un pays européen, il n'en appartient pas moins au monde russe.

Or, l'Union européenne devrait se garder d'empiéter sur ce dernier tout autant que d'intégrer des pays non européens tels que la Turquie. Les frontières de l'Europe ne sont pas seulement géographiques, elles sont aussi géopolitiques.

 

Si donc l'Union européenne doit encourager le renforcement de la démocratie en Ukraine et, dans un premier temps, favoriser la tenue d'un nouveau processus présidentiel sans fraude, il ne saurait être question qu'elle se laisse instrumentaliser par les Ukrainiens contre Moscou. Les relations de l'Ukraine avec les pays de l'Union européenne ne peuvent être renforcées sans que soient parallèlement clarifiées celles de ce pays avec la Russie. La prudence des autorités françaises est donc pleinement justifiée.

 

La révolution démocratique à Kiev nous renvoie en réalité à la démocratisation de la Russie elle-même, qui n'est pas pour demain. Le professeur Arjakovski nous dit qu'il ne peut y avoir de compromis avec un régime non démocratique. Il faudra bien que les Ukrainiens continuent, comme nous, à s'armer de patience...

 

 

 

 

 

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