Le cannabis se banalise et les jeunes Français en sont les plus gros consommateurs en Europe. C’est ce que révèlent les résultats de l’enquête ESPAD menée en France auprès de 16 000 élèves.

Aujourd’hui, à dix-huit ans, un élève sur cinq est un fumeur régulier de cannabis. Quant à l’expérimentation cannabique, elle a plus que doublée chez les 14-15 ans et les 16-17 ans. Curieusement pourtant, pour la première fois depuis longtemps cette situation dramatique suscite une certaine émotion.

Marie Choquet, épidémiologiste à l'Inserm et coauteur du rapport publié le 14 avril, s'étonne que l'on ait tant tardé à se préoccuper d'un si grave problème de santé publique. Car si l’on s’alarme aujourd’hui de la consommation régulière de cannabis et qu’elle puisse continuer d'augmenter chez les lycéens et les collégiens français, " le plus surprenant, remarque-t-elle dans un entretien au Figaro, c'est que la plus forte hausse a été enregistrée entre 1993 et 1999, que nous l'avons publié dans notre précédent rapport et que cela n'a alors choqué personne ! " L’auteur poursuit : " Je dis depuis toujours que le cannabis est un grave problème de santé publique, contre tous ceux qui ont voulu le considérer comme un produit anodin, symbole de peace and love. " On est heureux de l’entendre dire.

On attend désormais que le gouvernement prenne ses responsabilités. Car comme le remarque Alain Morel, président de la Fédération française d'addictologie, " la grande campagne (de prévention) qu'on nous annonce n'a toujours pas été montée ". Encore faudrait-il ne pas retomber dans les mêmes erreurs que par le passé, ne pas confondre prévention et politique de réduction des risques, information et banalisation. Il faut engager une vraie prévention pour réduire la demande et non pour réduire les risques. Il ne faut pas se contenter de gérer une situation d’urgence, il faut une politique de prévention qui s’inscrive dans la durée.

Rappelons ce que demandait Damien Meerman, directeur du Collectif Drogue-Danger-Débat : " Pour réduire la demande de drogues, il faut d’abord une prévention qui décourage les jeunes d’entrer dans la drogue (prévention primaire) et plus seulement qui leur conseille de gérer leur consommation de drogues en réduisant les risques ! La politique de réduction des risques est inadaptée à l'école, elle a pour effet d’inciter à l’expérimentation des conduites à risques plutôt qu’à en dissuader. S’il vaut encore mieux utiliser une seringue propre ou un préservatif plutôt que de se transmettre la maladie et la mort, ce n’est pas avec des évidences de la sorte qu’on apprend au jeune à dire NON à la drogue ni qu’on l’éduque à la maîtrise de soi. "

C’était en mai 2003. Il y a un an déjà.

Pour en savoir plus : www.drogue-danger-debat.org

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