Colloque — À l'occasion de la sortie du livre de Samuel Pruvot, De Mgr Charles à la Nouvelle Évangélisation (Cerf), un colloque est proposé par le journal France Catholique :

Le samedi 15 juin 2002, de 9 h 15 à 17 h, en la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.

Colloque sous la présidence de Mgr Guy Gaucher, évêque auxiliaire de Bayeux-Lisieux et de M. Jean Guéguinou, ambassadeur de France.

Autres intervenants : professeur Philippe Levillain, de l'Institut universitaire de France, mère Marie-Agnès, assistante générale des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, le fr. Nicolas-Jean Sed op, directeur général des éditions du Cerf, Frédéric Aimard, rédacteur en chef de France Catholique, Christophe Bourgeois, président du mouvement Résurrection, Gérard Leclerc, journaliste, Christophe Rémond, directeur éditorial du Sarment et président des amis de Jeunesse Lumière et Guillaume Tabard, secrétaire général de la communauté Aïn Karem.

Programme détaillé et inscription (nécessaire notamment à cause du déjeuner) auprès du père Jacques Benoist , 68, avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris

Tél. + rép. : 01 43 22 36 97, fax : 01 42 18 05 29

courriel : pere.benoist@wanadoo.fr

Libres d'être prêtres. Hippolyte Simon. Pref. de Mgr Marcus. Les Editions de l'Atelier. 2001.

Le numéro de France Catholique consacré à Mgr Maxime Charles, daté du 7 juin, est disponible sur le site de l'hebdomadaire www.francecatholique.fr (ci-contre).

Qui était Mgr Charles ?

 

L'ouvrage que Samuel Pruvot vient de publier sur Mgr Charles ne vaut pas seulement comme témoignage pour l'histoire. Il aura pour ses lecteurs cette autre vertu de faire la démonstration de la pertinence du christianisme et de l'évangélisation à l'âge moderne. Maxime Charles, cet étonnant apôtre du monde étudiant, se révèle précurseur de la nouvelle évangélisation dans un des registres les plus chers à Jean-Paul II, celui de la culture éclairée par la foi. Pour ouvrir l'intelligence de jeunes voués aux disciplines du savoir, Maxime Charles a su recourir aux plus fortes présentations théologiques de son temps, dans une franche et habituelle confrontation avec la pensée contemporaine, même la plus hostile au christianisme.

[...] Il est donc passionnant d'opérer grâce à Samuel Pruvot, ce retour en arrière sur les années de l'après-guerre où le fondateur du Centre Richelieu invente sa méthode au feu de l'actualité, sur ce terrain propice au dialogue de la foi et de la culture que constitue la Sorbonne à ce moment privilégié où le Quartier latin concentre encore l'essentiel de la vie universitaire parisienne. [...]

L'abbé Charles a été investi par le cardinal Suhard de la responsabilité de l'apostolat en Sorbonne avant même la Libération. Tout de suite, il s'est lancé dans un apostolat en prise directe avec le milieu intellectuel où il évolue, mais en affirmant tout de suite sa différence. " Sa rigueur doctrinale détonne de l'optimisme temporel qui règne en ces lendemains de Libération. L'abbé Charles ne ménage pas ses sarcasmes sur un indifférentisme qui voudrait que les meilleurs chrétiens soient ceux qui ne le sont pas. " Cette remarque de Pierre Barral est très significative d'un débat, plus ou moins souterrain, qui va être décisif, hélas souvent dans le mauvais sens, pour l'avenir du catholicisme français. L'investissement des chrétiens en politique est certes indispensable, mais s'il tourne à l'absorption des militants dans un projet temporel, voire idéologique, au point d'oublier ce qui fait la spécificité chrétienne, il y a de quoi s'inquiéter et protester. Maxime Charles est parfaitement lucide sur une tendance qui va produire des dégâts considérables. C'est bien ce qui est en train de se passer avec la fascination que produit sur les chrétiens un communisme en pleine expansion.

Au-delà de cette fascination, le catholicisme sera en proie à la sollicitation constante d'un appel du monde, qui, comme l'exprimera plus tard le cardinal Lustiger, " étant de caractère fusionnel, est forcément non apostolique ". Il y a, en effet, une cohérence entre la fascination du communisme d'après-guerre et la sécularisation massive des années 60-70, sur laquelle il convient de s'interroger. Maxime Charles a vu le danger sur-le-champ. Son projet d'évangélisation s'oppose foncièrement à cette perte d'identité et de visibilité du christianisme. Il ne s'agit pas pour les chrétiens d'être indifférents ou hostiles au monde qui les entoure. Il s'agit de proposer à ce monde le dialogue du salut, une bonne nouvelle susceptible de l'éclairer et de le transformer.

[...] Il est pour nous d'un puissant intérêt de comprendre comment Maxime Charles, et tous ceux qui l'ont accompagné en Sorbonne dans ces années d'après-guerre, ont réussi à évangéliser en déjouant la tentation de l'alignement et de l'effacement. Il leur fallait d'abord avoir la foi, une foi profonde, vivante, revivifiée par la grâce surnaturelle et ressourcée à l'étude approfondie de la Révélation.

Extraits de Gérard Leclerc, " Mgr Charles, un précurseur dans la tradition de l'Eglise ", Le Figaro, 05 juin 2002.