La France sous nos yeux, un chantier d’« archéologie culturelle »

Source [Institut Ililade] : Le sondeur Jérôme Fourquet et le journaliste Jean-Laurent Cassely livrent une nouvelle radiographie de la France dans leur ouvrage La France sous nos yeux. Économie, paysages, nouveaux modes de vie.

 

Après L’Archipel français (2019), un ouvrage qui présentait l’Hexagone comme une juxtaposition de territoires divisés (les centres-villes gentrifiés, les banlieues communautaristes et les campagnes « périphériques »), le sondeur Jérôme Fourquet livre ici une nouvelle radiographie de la France, en collaboration avec le journaliste Jean-Laurent Cassely.

Pour ce faire, il propose d’ouvrir un chantier d’« archéologie culturelle » afin de mettre à jour les couches géologiques qui composent la France d’aujourd’hui, des plus profondes aux plus affleurantes, en passant par les plus sédimentées. Par le truchement de données originales, parfois étonnantes, parfois très approximatives, parfois très critiquables au regard de la rigueur scientifique propre aux études quantitatives, on y découvre une « France d’après » qui n’a plus que peu de points communs avec l’image d’Épinal tricolore qui séduit encore les touristes venus visiter la côte d’Azur ou la tour Eiffel. En l’espace d’un demi-siècle, sous le coup du soft power américain et de vagues d’immigration successives, la France a fait l’objet de changements insidieux mais profonds – Jérôme Fourquet n’hésite pas à parler de « Grande mutation » – qui se traduisent par des clivages de plus en plus prégnants, tant sur le plan des modes de vie que sur celui des préférences résidentielles et territoriales, de la structure de l’emploi, des goûts culinaires ou encore musicaux. Une succession de micro-études et de sondages, en somme, à laquelle l’auteur tente de donner un sens qui relève souvent plus de la perception et de l’intuition que d’une véritable construction statistique, dans un style journaliste plus proche du tract politique que d’une authentique synthèse académique.

Qu’elle plaise à ceux qui se reconnaîtront dans ce portrait ou qu’elle déplaise à ceux qui le refusent par nostalgie de la « vieille France », la conclusion est néanmoins sans appel. Dans un pays vieillissant qui a choisi de se désindustrialiser pour se spécialiser dans l’économie tertiaire, l’usine et la ferme (qui n’avait pas survécu à la Seconde Guerre mondiale) ont été remplacées par des loisirs à outrance dans un paysage d’entrepôts indispensables à la livraison en flux tendus, accentuant les clivages entre un mode de vie premium, privilégié par les cadres urbains, et une France « de la débrouille » exclue de la mondialisation heureuse. Autant de facteurs qui conduisent à une nouvelle forme de contestation, dans laquelle le bleu de travail des ouvriers fait désormais place au « gilet jaune » des logisticiens, le marteau et la faucille au chariot élévateur, la maison syndicale aux ronds-points, alors que l’immigration impose peu à peu ses choix culturels et ses interdits religieux comme une nouvelle norme.

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