L’identité, moteur de la géopolitique

Source [Conflits] : Avec un changement important des mentalités depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’identité s’est retrouvée au cœur des questions sociales, politiques et même géopolitiques, dont elle se trouve être un des principaux tenants. 

Le XXsiècle fut le siècle de l’avoir ; le XXIdébute sous la question de l’être. Au siècle précédent, l’humanité a connu une formidable croissance matérielle, des inventions majeures, des transformations profondes des modes de vie. Grâce au génie humain, à l’accroissement de la productivité, à la mécanisation, l’humanité a quitté une société de pénurie, où la mort était prolixe, pour entrer dans une société d’abondance, où la vie devient la norme. Un phénomène amplement étudié par Jean Fourastié dans ses multiples œuvres ; un auteur qui ne se réduit pas à l’expression « Trente Glorieuses » qu’il a inventée et popularisée. Commencé au début du XVIIIsiècle, cet accroissement de la productivité et de l’innovation a permis les progrès de la médecine et de l’agriculture, le développement de l’industrie, la création de nouveaux métiers. La mort s’est éloignée de l’horizon humain, la vie est devenue la norme et, fait nouveau, le loisir et les vacances ont été accessibles à l’ensemble de la population européenne. Avec eux, le développement du tourisme, de la culture, des sports collectifs et individuels. Nous sommes aujourd’hui tellement habitués à ce monde de l’avoir, un monde où la vie est la norme, que nous avons du mal à imaginer ce que pouvait être le monde d’avant, celui de la rareté comme norme, de la mort et de la détresse comme vie quotidienne. L’avoir, chèrement acquis au gré du travail et des inventions, a modifié les conditions matérielles et culturelles de l’homme.

La civilisation de l’avoir ne s’est pas limitée qu’à l’Europe

 La Corée du Sud et le Vietnam, ruinés par les guerres, touchés par la pauvreté, ne semblaient guère avoir d’avenir à l’orée des années 1960-1970. Ce sont désormais des pays puissants et exportateurs. À l’avoir matériel s’est ajouté l’avoir politique : les pays d’Afrique sont nés et ont eu leur indépendance ; les mouvements de décolonisation peuvent être lus comme des phénomènes d’acquisition de cet avoir politique. La Chine a obtenu sa place sur la scène mondiale et le concert des nations, longtemps limité aux pays européens puis occidentaux, s’est élargi à l’ensemble des continents. Pour certains, l’acquisition de l’avoir devait aboutir à la fin de l’histoire, pour d’autres à une uniformisation du monde, sous l’effet de l’accroissement de la mondialisation. Rien de tout cela n’est advenu, notamment parce que nous sommes passés de l’avoir à l’être.

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