[Entretien] Tensions entre Paris et Berlin : « Les Allemands ne jurent que par la protection américaine »

Source [Boulevard Voltaire] : Le vice-président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Thériot, analyse les tensions qui opposent la France et l’Allemagne en matière de politique de défense commune de l’Europe.

Valeurs actuelles. Les partenariats de défense entre la France et l’Allemagne sont au point mort. Comment l’expliquez-vous ?
Jean-Louis Thériot. Vous avez entre Paris et Berlin, deux visions de l’Europe qui s’affrontent. La France défend une Europe de l’autonomie stratégique. La culture allemande est celle de la protection sous le parapluie américain. L’Allemagne a aussi été marquée par le refus permanent de l’emploi de ses forces armées en raison des blessures de l’histoire et de la culture du soldat-citoyen. Berlin a refusé de voir que les tournants de l’histoire peuvent être tragiques. Cela l’empêche de prendre des décisions militaires importantes et de se projeter hors de l’espace européen, comme nous avons pu le voir pour le Sahel.
Aujourd’hui, les Allemands font face à une situation sécuritaire qui a totalement changé. Ils redécouvrent l’ampleur de la menace d’un conflit armé. Mais, ils ne voient pas d’autre voie que la protection américaine. Donc ils ont abandonné mise à niveau de l’hélicoptère de combat Tigre au standard III ou ont abandonné le programme de surveillance maritime MAEWS franco-allemand pour acheter des avions Orion aux Américains.
Avec l’annonce unilatérale de création d’un bouclier anti-missiles dans laquelle l’avis de France n’est même pas pris en compte, vous avez la cerise sur le gâteau. Et là encore, à Prague, dans son discours du “tournant du temps” le chancelier Scholz ne mentionne pas la France. L’Allemagne aspire à un élargissement à 36 vers les petits états balkaniques ou d’Europe Orientale. Cet élargissement constituerait une arrière-cour allemande leur permettant d’avoir des pays clients lors de scrutins majoritaires au sein de l’UE. Cette différence de vision stratégique avec la France conduit à cette situation.

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