En l'espace de quelques jours, le paysage politique américain a été agité par deux victoires du camp républicain : le jeudi 23 juin, la Cour Suprême a rendu un arrêt favorable au port d'arme ; le vendredi 24 juin, elle annulait l'arrêt de 1973 Roe contre Wade, jugeant le droit à l'avortement comme conforme à la Constitution. Cette décision a fait l'effet d'une véritable bombe, provoquant des réactions dans tout l'Occident.

S'installer dans le paysage

Minoritaires au Congrès, les forces conservatrices ont obtenu deux succès en une semaine. Si la première est peu parlante pour nous autres Français, la seconde a une portée qui a largement traversé l'Atlantique.
Cette victoire pro-vie américaine est d'autant plus étonnante qu'elle intervient alors que les Républicains sont minoritaires à la Chambre des représentants et que leur champion, Donald Trump, a cédé sa place à la Maison Blanche au démocrate Joe Biden.
Cette victoire n'est donc pas une victoire électorale conjoncturelle mais s'inscrit dans un travail structurel des droites américaines. La société civile conservatrice, ses lobbies, ses "think tank" (laboratoires d'idées), ses associations n'ont jamais cessé de maintenir la pression en matière de droit à la vie. La nomination de juges favorables par Donald Trump aura fini de fragiliser un édifice progressiste un demi-siècle après son entrée en vigueur !

Les retournements sont possibles

Cette victoire oblige cependant tout un écosystème conservateur à assurer le "service après-vente". Mettre fin à l'avortement implique, pour pérenniser une politique pro-vie, de mettre en place les outils de l'accueil de la vie, ce qui passe aussi par des politiques sociales qui sont rarement du goût de la droite américaine. Cela implique d'envisager nos combats politique dans leurs multiples aspects. Défendre une position bioéthique, c'est défendre un choix qui n'est pas le plus facile et oblige donc à assurer les meilleures conditions du maintien de la loi juste.
Sur ces sujets délicats comme sur d'autres, tenir bon, ne pas se renier tout en assurant un travail efficace à tous les échelons créent les conditions de la victoire. Investir les médias, l'appareil judiciaire, l'enseignement, les entreprises... Autant d'investissements humains qui assureront les victoires de demain et permettront de peser auprès des élus. En France, la percée historique du RN aux législatives et le maintien d'un grand groupe LR montrent que des surprises sont possibles même en matière électorale. Liberté politique sera présent auprès de ces élus et des autres pour les rappeler à leurs devoirs et les aider dans la lourde tâche qui les attend. Nos équipes sont déjà au travail pour élaborer un ensemble d'outils visant à toucher directement députés et sénateurs dans les mois déterminants qui nous attendent.

Olivier Frèrejacques, délégué général