Le pornographe du politographe ?

L’article de Libération sur Zemmour mercredi 17 novembre dernier ne vous aura pas échappé : un titre accrocheur signé de Jean-Claude Weill, de l’Académie des Sciences, et Jean-François Solal, psychiatre, nous alerte sur « Eric Zemmour ou l’apologie de la pornographie ».Diantre !

La suite du propos invente un nouveau domaine, celui de la pornographie politique. Il est en effet question de jouissance, celle normale, d’entendre un orateur brillant et cultivé. Mais, insistent les auteurs, cette jouissance du savoir « borne », car les domaines abordés devraient enseigner un peu plus de retenue, « l’histoire, la sociologie, l’économie, enseignent des limites à ne pas dépasser ». Cependant il y a un troisième niveau, qui confine celui-là à la pornographie, c’est d’entendre des propos mensongers qui confortent le Français refoulé dans son bon droit. Le Français collaborateur, le militaire Français auteur d’exactions en Algérie…

Ainsi, pour les auteurs, Zemmour affirmerait « ne soyez plus coupable de votre famille, de vos opinions honteuses, Soyez fiers et jouissez enfin de la position que je vous offre, ostracisez à votre tour les minorités dont vous avez fait partie hier ; aujourd’hui haro sur les arabes, les juifs, les homosexuels, les femmes »… Et une jouissance tournée vers soi ressemble un peu à de la pornographie.On peut apprécier l’intelligence du propos, fort bien construit autour du thème de la jouissance, si bien servie à notre époque du tout merchandizing. 

Merci de nous rappeler que la jouissance pour Freud et Lacan est plutôt du côté de la pulsion de mort.On méditera l’exercice de style visant à discréditer un potentiel candidat à la présidence de la république à travers des insultes à peine déguisées : « inexactitude systématique de ses affirmations », «  une parole qui ne tient compte ni de la vérité ni de la complexité », et une fin d’article avec le repoussoir « Donald Trump ».

Nous tenons cependant à saluer cet article qui a le mérite de nommer le fléau de la pornographie pour ce qu’il est, une jouissance tournée vers soi, et on peut se demander si les auteurs ne gagneraient pas à adhérer à STOP AU PORNO