La médiasphère s’inquiète, la médiasphère s’exaspère, la médiasphère panique : il n’y en a que pour lui, il est absolument partout, il est omniprésent, cela devient insupportable ! Ainsi donc, Éric Zemmour serait un peu trop présent. Enchaînant les émissions à succès, les débats, les matinales ou les grands meetings, en province ou ailleurs, il fait également la une de tous les organes de presse, de Challenges à Marianne, en passant par Paris-Match ou le Figaro. Dans la rue, dans les kiosques à journaux, l’on ne voit que lui. Et il se murmure partout : Zemmour Zuper Ztar !

Ce succès n’a rien d’étonnant. La France d’en bas, celle qui est tant méprisée par les pseudo-élites, mais qui représente une immense majorité de Français -rappelons que 30 millions d’entre eux gagnent moins de 2000 € par mois- attend depuis des années son champion, celui qui renversera enfin la table. L’immense mérite de Zemmour est justement de répondre à cette attente : il secoue avec une vigueur réjouissante un système politico-médiatique dramatiquement incompétent, irresponsable, autocentré et j’en passe. Eric Zemmour occupe naturellement, avec une fougue que même ses adversaires lui reconnaissent, la place que tant d’hommes politiques ont bien voulu lui laisser par leur inconsistance, leur silence, leurs contradictions, et, disons-le simplement, leur nullité. Quel homme politique de premier plan pourrait se targuer d’avoir écrit des livres politiques du même niveau que ceux de Zemmour ? N’est pas Bainville qui veut.

Tous les grincheux qui se plaignent de son omniprésence sont en fait bien en peine de lui opposer des adversaires de son niveau, ou des idées alternatives crédibles. La politique, comme la nature, ayant horreur du vide, et Zemmour n’ayant en face de lui que du vide, il remplit à lui seul une grande partie de l’espace politique.

Livrons-nous à un petit exercice : faisons un tour rapide de l’offre politique actuelle. Du côté de la gauche, extrême ou non, ce qui est dit ou écrit par ses ténors tient en un seul mot : délire total. Le centre-gauche ne vaut guère mieux : il ne délire pas, mais se contente de ne rien dire. Le centre, quant à lui, reste le centre : il a la consistance de la méduse bretonne.

Dirigeons-nous vers le centre-droit. Celui-ci, héritier du RPR et de l’UMP, et dont l’étiquette s’appelle aujourd’hui LR, se perd actuellement dans le brouillard de ses contradictions et de ses reniements, et ne parvient à survivre qu’en singeant avec plus ou moins de bonheur Éric Zemmour. Xavier Bertrand, par exemple, refuse avec hauteur tout « amalgame » avec le « polémiste », pour mieux s’accaparer les idées de ce dernier, comme celle du risque de guerre civile en France. Valérie Pécresse, quant à elle, n’en finit pas de courir après les thèmes devenus à la mode, l’immigration, l’islam, l’Europe, quitte à se renier en bloc, le temps de la campagne électorale : élection présidentielle oblige.

Du côté du Rassemblement national, les choses ne sont guère plus claires. Les interventions médiatiques des membres du parti se succèdent en adoptant de façon croissante la langue de bois journalistique. Le mot d’ordre est simple : normaliser le parti à tout prix. Ce qui consiste, en fait, à tenter de se fondre dans le système, afin de devenir enfin respectable. Quitte à perdre son âme. Car vouloir cocher méthodiquement toutes les cases de ce qui est admis par la caste politico-médiatique au pouvoir revient, purement et simplement, à entrer dans la logique mortelle du politiquement correct. Ce qui est très exactement à l’opposé de la stratégie zemmourienne.

La campagne présidentielle n’a pas encore véritablement pris son envol. Elle risque d’être considérablement abimée par la médiocrité de politiciens qui ne font que bricoler une communication à la petite semaine, pour leurs seuls intérêts personnels, au détriment de l’intérêt de la France. Zemmour l’a compris : il chamboule donc tout, dans la joie et la bonne humeur, et s’élève à une hauteur exemplaire, au service de la France. Telle est la raison pour laquelle il suscite un tel engouement.

François Billot de Lochner