Pour célébrer la rentrée des classes, le président Emmanuel Macron n’a rien trouvé de mieux à faire que de filmer une vidéo de son auguste personne, arborant, dans un grotesque cadre à bords dorés, la photo des deux influenceurs McFly et Carlito.

Pari tenu : le gage, le médiocre petit bakchich dont il était tenu de s’acquitter, après avoir perdu contre eux le concours d’anecdotes de l’été, leur promettant de les associer à sa communication, après qu’ils aient pour leur part volé au-dessus de Paris avec la patrouille de France, a bien été versé. Macron peut donc s’estimer quitte auprès de son public. Voilà le genre de promesses qu’il arrive à tenir.

Quitte, mais auprès de quel public, au juste ? Le « président » s’est prêté à cette pantalonnade en espérant séduire un électorat jeune. La belle affaire : cet électorat se fiche de lui comme d’une guigne. Il zappe, et rebondit de vidéos en vidéos sur le web, et cinq minutes plus tard, s’extasiera devant une autre mise en scène n’ayant strictement aucun rapport avec la précédente, mais qui le séduira tout autant pourvu qu’elle ait du rythme et un côté décalé.

Pathétique, Emmanuel Macron l’est bien évidemment. Dans des proportions hallucinantes. Mais il l’est plus profondément encore qu’on le croit de prime abord. Non dénué d’une certaine forme d’intelligence, cynique, il se complaît dans un sans tabou déprimant, dépourvu de toute valeur, de toute hiérarchie, qui le glorifie dans la posture de celui qui bouscule les codes et trace sa propre voie au mépris du monde. Il tire une forme de satisfaction malsaine de voir qu’il est capable de repousser, toujours plus loin, les limites de l’honneur et de la décence, comme lorsqu’il souriait, béat, aux trémoussements de ses bouffons sur les marches de l’Elysée.

Mais s’il n’y avait que ces faces grimaçantes. Dans cette allocution de rentrée, la mentalité corrompue d’Emmanuel Macron ne s’est pas contentée d’une mise en scène facile. Dans la même vidéo, quelques instants plus tard, le président a trouvé le moyen d’évoquer la mémoire de Samuel Paty, le courageux professeur d’histoire égorgé en pleine rue au nom de l’islam, le 16 octobre dernier. Le pauvre et digne serviteur de l’école ne méritait-il pas mieux comme hommage ? Imaginons sa femme, son petit garçon : qu’ont-ils dû penser quand ils ont regardé cette vidéo, s’ils ont eu cette faiblesse ? La France de 2021 a de bien tristes héros.

Soyons honnêtes : Emmanuel Macron a réussi, en quelque sorte, à réaliser l’anti-clip de campagne parfait. Un concentré de tout ce que nous voulons mettre dehors au printemps 2022. La médiocrité veule, un idéal de société proposé à la jeunesse qui se satisfait de poncifs bêtifiants, le je-m’en-foutisme vis-à-vis des maux qui rongent notre pays dans ses entrailles comme l’islam, la désinvolture enfin, à l’égard de ceux qui sont encore capables d’incarner un semblant de notre idéal français, et qui en meurent. Elève Macron, dehors !

Constance Prazel