Depuis que les régionales ont reconduit à la tête de leurs régions les trois « ténors » de la droite gouvernementale, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, tous les espoirs semblent permis : après des années de vaches maigres, les Républicains et leurs satellites se prennent à rêver qu’une victoire soit au bout du chemin en 2022.

Encore faudrait-il qu’il soit possible de déterminer le candidat qui rendra cette victoire possible, et c’est là que les ennuis commencent. A l’image du dahu de notre enfance ou du serpent de mer, on se met en quête d’une créature rare et difficile à débusquer : « le candidat naturel de la droite », dont on ne sait trop ce qu’il est exactement chez les Républicains, une sorte d’être sauvage et farouche qui erre dans les forêts du parti et qui attend le moment favorable pour se dévoiler dans la clairière.

Pour l’instant, à défaut de « candidat naturel de la droite », le parti des Républicains donne à voir une triste foire d’empoigne, bien à l’image de la cacophonie à laquelle il nous a déjà habitués pendant la campagne des régionales. A coups de sondages, qui ont pris l’habitude de se tromper de plus en plus, la presse a d’ores et déjà décerné le titre de « candidat naturel » à Xavier Bertrand : le JDD nous annonce ainsi que 42 % des Français pensent qu’il doit être ce candidat de la droite. Il s’y voit déjà, et, et depuis qu’il a quitté les rangs LR, il répète à l’envi qu’il ne se soumettra pas au jeu de la primaire. Il sait bien pourquoi : la base la plus militante du parti, volontiers plus à droite que les caciques à sa tête, ne lui aurait probablement pas été très favorable.

Christian Jacob, le patron des Républicains, continue quant à lui à imaginer des trajectoires impossibles et des scénarios compliqués : sur la base de sondages, on devrait voir se dessiner les potentiels « candidats naturels », parmi lesquels on fera une primaire un peu ouverte mais pas trop. Le programme n’enthousiasme personne, et a même poussé quatre personnalités, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau et Hervé Morin, à publier une tribune dans Le Figaro pour protester contre le système des sondages et appeler à une primaire ouverte.

Quelles valeurs, quelle cohérence idéologique dans tout cela ? Il serait vain d’espérer les trouver. Xavier Bertrand est porté sur les autels médiatiques comme étant le sauveur de la droite, mais il s’évertue à plagier Emmanuel Macron. Pourquoi y accordons-nous donc quelque importance ? Parce qu’il nous paraît essentiel de mettre en garde tant de bonnes gens qui peuvent se faire prendre, une fois de plus, au miroir aux alouettes de la respectabilité : ils ne sont pas peu nombreux. Il y a des naïfs qui croient qu’il peut s’agir d’une candidature de « rassemblement » susceptible de damer le pion, comme on le dit familièrement, à Emmanuel Macron. Et comment cela se pourrait-il, puisqu’il partage la même vulgate maçonnique, européiste et déracinée, tout en appuyant le renforcement de la dictature sanitaire ? Xavier Bertrand prétend emporter la mise, mais il ne fait pas battre les cœurs, et ne soulève l’enthousiasme de personne. Valérie Pécresse, pour sa part, est devenue la reine des retournements tactiques : elle n’est plus chez les Républicains, comme Bertrand, mais elle signe la tribune avec Wauquiez. L’art de ménager la chèvre et le chou. Et Laurent Wauquiez dans tout cela ? Il continue de capitaliser sur son expérience régionale, et d’accumuler gentiment des points de popularité, sans jamais pouvoir atteindre des sommets suffisants pour l’emporter.

En définitive, les Républicains nous donnent actuellement le spectacle d’une lutte féodale entre quelques chefs qui tiennent leur piton rocheux… mais rien qui permette de conquérir le Royaume de France. Christian Jacob se rengorge : « depuis 20 mois la droite s'est complètement reconstruite, on a gagné les municipales, sénatoriales, législatives partielles, départementales, régionales, parce qu'on a réussi à le faire dans une famille politique apaisée et dans l'union. » Il y a dans ce constat une sérieuse erreur de diagnostic : l’union pour une présidentielle n’est pas juste l’union pour l’union. Il faut une personne qui domine. Pour l’instant, ce sont les querelles qui dominent et nous donnent à voir le pire du régime des partis. Le nœud gordien qui étouffe notre pays n’est pas encore tranché…

Constance Prazel