Dans le climat de corruption morale dans lequel nous baignons, revient fréquemment la tentation de la solution miracle, à savoir le recours aux éducateurs et formateurs spécialisés pour faire de la « prévention » en « éducation affective et sexuelle ». Ce serait le meilleur moyen,  pensent souvent les parents et les professeurs, de parler aux enfants des sujets qui fâchent et de les protéger des ravages de la pornographie. Très concrètement, que vivent les enfants sur ces questions hautement sensibles et délicates ?

Dans les établissements publics, seuls interviennent les « formateurs »  agréés par le ministère. Pour recevoir l’agrément de l’Education nationale, il faut avoir prouvé sa fidélité aux idéaux de l’immoralité, et sa soumission au lobby LGBT. La « formation » consiste donc à expliquer aux enfants, par le menu, toutes les pratiques déviantes possibles et imaginables sous couvert de prévention sanitaire et de défense de l’égalité entre les sexes… De façon générale, les enfants subissent la perversion imposée, les parents n’osent protester, et un mal irréparable est causé.

Dans les établissements privés sous contrat, généralement dits catholiques, les formateurs sélectionnés par les directions sont assez souvent proches de ceux des établissements publics, ce qui est évidemment un scandale. Cela dit, certains établissements peuvent faire appel à des formateurs ou sexologues auto-proclamés, dont beaucoup n’ont de catholique que le nom, et peuvent donc représenter un danger pour la belle formation des enfants. Les directions diocésaines sont la plupart du temps peu regardantes et adressent des brevets de respectabilité à des formateurs qui peuvent poser problème. Et les associations catholiques, même les plus traditionnelles, adoubent des formateurs ou formatrices parfaitement contestables. Ce n’est pas par ce que l’on écrit un livre avec un évêque que l’on diffuse une belle formation aux enfants !

En revanche, dans les établissements privés hors contrat, les risques d’une formation affective dévoyée ou hors de propos sont extrêmement faibles, car ces établissements estiment à juste titre qu’une telle formation dépend avant tout des parents. Les « formateurs » ne sont donc guère sollicités, et cela n’est pas nécessairement une mauvaise chose.  

Sur le fond, en quoi le discours tenu par les formateurs dits « catholiques » pèche-t-il ? De trois façons, semble-t-il.

Première grave erreur : ces formateurs érigent la beauté de la sexualité en valeur absolue, impossible à remettre en cause, cela pour être « dans le vent ». Quelle erreur ! Si la sexualité peut être belle, elle peut aussi être dramatiquement laide. En quoi la prostitution, l’inceste, les violences sexuelles en tous genres, l’homosexualité, la pornographie, l’inceste et tant d’autres choses encore, qui touchent des millions, pardon, des dizaines de millions de personnes en France, traduisent-elles une « belle sexualité » ?

Seconde erreur dramatique : les formateurs ont définitivement aboli toute notion de morale. Parce que cela est ringard. Ils commettent ainsi une erreur anthropologique aux conséquences incalculables. La personne est en effet à la fois corps, coeur et esprit. C’est par l’esprit que s’opère la régulation du cœur et du corps, permettant l’élévation de la personne. Or, la nourriture naturelle de l’esprit est la morale. Ainsi, évacuer la morale de l’éducation affective rend cette dernière totalement inopérante. Que des formateurs estampillés catholiques agissent ainsi révèle le peu de cas qu’ils font de la doctrine catholique.

Troisième erreur : ces formateurs se substituent arbitrairement aux parents sur le sujet le plus intime, le plus sacré, sur le sujet du don de la vie. Seuls les parents, qui connaissent admirablement leurs enfants, sont à même de parler de ces sujets au moment le plus opportun, en fonction de ce qu’ils savent de leur enfant, de son développement personnel, de sa capacité à entendre et à comprendre. Les parents sont d’irremplaçables éducateurs en vie affective. Le rôle des formateurs devrait être d’aider, de conseiller les parents, et non de « former » les enfants. Lorsque nous entendons, comme récemment, certains formateurs - en général autoproclamés, comme nous l’avons déjà dit - expliquer que sur de tels sujets, les parents feraient mieux de se taire, un certain accablement nous saisit, car ce genre de formulation révèle à quel point l’éducation affective est dévoyée de nos jours.

Dans les temps de tempête que nous vivons depuis un demi-siècle, notamment marqués par un piétinement mortifère de la morale, seule la remise en perspective de cette dernière nous permettra de nous réorienter durablement dans le brouillard. Cette morale, à enseigner prioritairement aux enfants, permettra de dire clairement qu’en vie affective, il y a un bien pour le bel épanouissement de la personne, et un mal pour son abaissement sans fin, et la perte de son âme. S’il ne reste plus que quelques personnes à parler de morale affective et sexuelle, notre intention est d’être de celles-là !

François Billot de Lochner