Jésus L’enquête,  un film de Jon Gunn

1980 à Chicago. Lee Strobel est un journaliste réputé au Chicago Tribune. Foncièrement athée, alors que sa femme vient de se convertir au Christianisme, il entreprend une enquête pour tenter de prouver soit que Jésus n’est jamais mort sur la Croix soit qu’Il n’est pas ressuscité. Avec : Mike Vogel (Lee Strobel), Erika Christensen (Leslie Strobel), Faye Dunaway (Dr. Roberta Waters), Frankie Faison (Joe Dubois), Robert Forster (Walt Strobel), Brette Rice (Ray Nelson), L. Scott Caldwell (Alfie Davis), Meredith Andrews (le Pasteur), Rus Blackwell (Dr. William Craig), Tracey Bonner (L’infirmière), Matthew Brenher (Dr. Phillip Singer), Mark Campbell (le Juge), Reneld Gibbs (James Hick), jimmy Gonzales (l’inspecteur Acosta), Grant Goodeve (M. Cook), Cindy Hogan (Lorena Strobel), Judd Lormand (Joseph Koblinsky), Tom Nowicki (Dr. Alexander Metherell), Paul Reese (Larry Davis), Haley Rosenwasser (Alison Strobel). Scénario: Brian Bird d’après le livre autobiographique de Lee Strobel « The Case For Christ ». Directeur de la photographie : Brian Shanley. Musique : Will Musser.   

Dernière production du mouvement d’Outre-Atlantique « Faith Based Movies » (Films basés sur la foi), Jésus L’enquête a pour lui d’être basé sur le récit autobiographique relatant une histoire authentique ce qui n’était pas le cas de Dieu n’est pas mort (God Is Not Dead ) d’Harold Cronk réalisé en 2014, basé lui, en partie sur des faits réels, mais qui ceux-ci étaient survenus dans des endroits et à des dates différentes et qui étaient entremêlés dans un récit unique comme s’ils survenaient tous en même temps. Une fois ceci dit et qui constitue la force et l’impact que peut avoir Jésus L’enquête sur le public, il convient d’indiquer que le filmprésente des personnages et leurs évolutions d’une manière beaucoup plus réaliste au point que par moment, plus que l’enquête que mène Lee Strobel, enquête visant à prouver que Jésus n’est jamais ressuscité et dont le spectateur se doute qu’elle n’aboutira pas, c’est le désaccord du couple sur la foi qui suscite l’intérêt du spectateur en même temps qu’il est une illustration plutôt réussie des versets 13 et 14 de la 1ère épitre de Saint Paul aux Corinthiens : « Si une femme a un mari qui est un incroyant, et qu'il consent à vivre avec elle, elle ne devrait pas divorcer. Car le mari incrédule est sanctifié à cause de sa femme, et la femme incrédule est sanctifiée à cause de son mari. » Ainsi, le mari athée envisage sérieusement la séparation et le divorce, mais bien qu’il soit parfois en colère, agressif et violent avec son épouse, il continue à vivre avec sa femme et doit se résoudre à constater des changements positifs chez elle en raison de sa foi chrétienne. Cette situation de crise dans le couple, et même dans la famille puisqu’il y a deux jeunes enfants, sonne vraie car beaucoup de couples peuvent éprouver des tensions similaires concernant la foi et l’athéisme.

Aussi, au fur et à mesure que le film se déroule, une question se pose: le mariage peut-il résister à ce conflit, ou bien la séparation se profile-t-elle à l'horizon ? Cette question soutient l’intérêt du spectateur, à vrai dire beaucoup plus que l’issue de la quête de Lee Srobel, télécommandée depuis le début du film. De la même manière, les récits parallèles à l’intrigue centrale, comme le mariage de Lee Strobel, sa vie professionnelle, l’enquête sur un crime qu’il a bâclé, la mésentente avec son père, sont autant de points qui permettent au film de respirer et à des non-croyants de s’accrocher. Car, lorsqu’on aborde le cœur de l’enquête de Lee Strobel, c’est sensiblement moins captivant. Jon Gunn et son scénariste Brian Bird font bien de leur mieux pour organiser les entretiens avec des spécialistes de différentes matières d'une manière qui soit intéressante, mais le résultat est plutôt froid et parfois même un peu risible. Ainsi en est-il par exemple de cette conversation de Lee Strobel avec un grand ponte de la médecine et de la recherche médicale qui se déroule dans un laboratoire avec beaucoup de médecins en train de vaquer à des occupations scientifiques tout en ignorant le journaliste qui distrait leur patron avec des questions sur la Crucifixion.  Ou encore cette rencontre avec la psychanalyste Roberta Waters qui expose que les problèmes rencontrés par Lee Strobel avec son père sont vraisemblablement la cause profonde de cette animosité sceptique envers la religion. Pour accréditer cette analyse, elle explique à Lee Strobel que les athées David Hume, Freidrich Nietzsche, Sigmund Freud et Jean-Paul Sartre, soit avaient perdu leur père à un jeune âge, soit avaient des opinions négatives de leur père et nourrissaient à leur encontre des reproches. S’il n’est pas du ressort de la critique ou de l’analyse d’un film d’évaluer les arguments scientifiques et les hypothèses spécifiques exposés par les personnes que Lee Strobel interroge, force est de constater, qu’indépendamment  de leurs mérites rhétoriques et historiques, ces séquences apologétiques sont indigestes sur le plan cinématographique. Il reste heureusement quelques bons moments parmi lesquels celui de la conversion toute simple et évidente de Leslie, la femme de Lee Strobel qui est vite convaincue que sa fille a été épargné des suites d’un accident par l’intervention de Dieu et qui laisse parler son cœur.

Plus tard aussi, Leslie découvre dans la bible ce verset « Et je vous donnerai un cœur nouveau et un nouvel esprit que je mettrai en vous. Et j'ôterai le coeur de pierre de ta chair et je te donnerai un coeur de chair. » (Ezechiel 36 :26) et se met à prier pour la conversion de son mari. Ces moments de prière et d’abandon prennent un relief particulier, s’opposant à la lutte de Lee Strobel contre Dieu au moyen de la raison avec toute sa force et sa volonté d’investigation et qui se résume dans cette formule lapidaire qu’il prononce dès la première séquence du film : « Le seul moyen de parvenir à la vérité passe par les faits. » Dans ces quelques moments, le film montre bien, et c’est heureux, que c’est Dieu qui change l’homme et le cœur de l’homme et que tout le savoir du monde n’y peut rien. Et c’est sur ce point que le film peut interroger des spectateurs athées ou indifférents. Car il faut admettre que si des spectateurs chrétiens évangélistes ou luthériens, disons généralement de religion protestante, peuvent être sensibles à l’emphase donnée sur la « théologie de la décision » qui veut qu’une personne est sauvée au moment où elle prend la décision d’accepter et de suivre le Christ, les catholiques resteront plus réservés devant une représentation du christianisme qu’ils jugeront édulcorée. Cette insatisfaction peut s’ajouter à une déception sur le plan de l’écriture scénaristique qui se contente d’un discours très linéaire et démonstratif ainsi que sur celui de l’écriture cinématographique et de la mise en scène qui ne réservent aucune bonne surprise (exceptée une reconstitution réussie de l’époque des années 70-80), et fait montre de peu de recherche artistique, d’aucun sens esthétique dans les cadrages comme dans les angles de prises de vue, l’ensemble ne laissant pratiquement aucune place à l’indicible.  Mais au milieu de ces points négatifs et positifs, il faut reconnaître et souligner que le film montre bien que c’est Dieu qui appelle, rassemble et éclaire Lee Strobel, lequel se laisse finalement toucher avec un cœur repentant faisant de Jésus L’enquête un film empreint de quelques qualités évangéliques.