Le “genre” à l’école : rumeur ou intox ?

La rumeur, toujours la rumeur ! Après le retrait de leurs enfants de l’école de la République, à l’appel de Farida Beghoul, une femme courageuse venue des milieux de gauche et de la Marche des beurs, les parents d’élève se sont vu accusés d’extrémisme et ont été rappelés à l’ordre par le ministre de l’Éducation nationale, au motif que la théorie du genre n’existe pas et ne peut pas être enseignée à l’école.

DEUX MINISTRES se sont engagés avec force par des programmes d’égalité dans tous les domaines : le ministre des Droits des femmes et celui de l’Éducation nationale. La connivence entre les deux a fait le reste… À en croire ces deux ministres, la théorie du genre n’existe pas, seules existent les études de genre. Est-ce aussi simple ?

En août 2011, Mme Belkacem tenait ces propos :

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« La théorie du genre, qui explique “l'identité sexuelle” des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d'aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l'homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets.
« Il est essentiel d'enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect. »

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Depuis le 6 juin 2013, elle prétend que la théorie du genre n’existe pas.

Il est intéressant de connaître la pensée de Judith Butler, la pionnière du gender. Dans une interview au Nouvel Obs, elle affirme :

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« Dans les années 1980 et 1990, le croisement de la tradition anthropologique américaine et du structuralisme français a donné naissance à la théorie du genre. »

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Il est difficile d’ignorer cet avis, tant cette femme a été de tous les combats sur le genre.

Les théories du genre

Quant aux études de genre elles-mêmes, elles ne forment pas un ensemble homogène en raison des différents sens donnés au concept de genre.

Le concept de genre, dans son sens social et dans son sens psychologique, est intéressant car l’identité de l’homme et de la femme ne peut être réduite à leur corps ou leurs données biologiques. Ils sont aussi des êtres de relation où jouent leurs dimensions psychologique et sociale. Ni le genre social, ni le genre psychologique, n’effacent la distinction des sexes.

Mais, le plus souvent, c’est le sens subversif ou idéologique du « genre » qui est utilisé dans les études de genre. Ainsi, plus qu’un mot, le concept de genre est l’instrument d’une révolution anthropologique et culturelle de nos sociétés en quête d’identité. Sociétés où la raison et la liberté ne s’appuient pas sur la réalité des êtres et des choses, mais sur les désirs.

Le concept de genre sera utilisé pour observer, comprendre, repérer les inégalités entre les hommes et les femmes ou en fonction des diverses pratiques sexuelles. Puis il sera utilisé pour théoriser jusqu’à l’idéologie afin de réinventer le monde.

Tout cela a donné les théories du genre.

Les leviers masqués du concept de genre

Quant au ministre de l’Éducation nationale, il diffuse les théories du genre, sans le dire, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Ainsi, le programme ABCD de l’égalité, expérimenté dans une dizaine d’Académies, ne comporte jamais le mot « genre ». Mais il propose trois objectifs à mettre en œuvre dans les écoles primaires et les collèges :

  1. la lutte pour l’égalité,
  2. la lutte contre les stéréotypes
  3. et la lutte contre l’homophobie. 

Et c’est bien à partir de ces trois leviers que le concept de genre se diffuse à l’école, dans ses différents sens, y compris dans son sens subversif.

Le sens des mots

Au-delà des mots, il est nécessaire d’en comprendre le sens.

Qui peut être contre l’égalité ?

Personne, à condition de savoir ce qui fonde l’égalité. L’égalité est devenue une notion abstraite qui ne prend pas en compte la réalité de l’homme et de la femme, ni leur histoire singulière. Si bien que l’égalité est devenue « égalitarisme ». C’est l’égalité par l’indifférenciation : l’indifférenciation des fonctions doit conduire à l’indifférenciation des sexes. Ainsi, on obtiendra l’égalité, disent les féministes du genre.

Ce sens est contraire à l’avis du 17 mai du Conseil constitutionnel sur la loi Taubira :

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« Le principe d'égalité ne s'oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes dès lors que la différence de traitement qui en résulte est en lien direct avec l'objet de la loi qui l'établit ... »

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Qui peut accepter d’être enfermé dans des stéréotypes ?

Personne, mais il faut savoir de quoi on parle. Pour les féministes du genre, les stéréotypes représentent tout ce qui directement ou indirectement se réfère à l’homme ou à la femme : les rôles ou les fonctions, le style et les manières de se comporter, les goûts ou les préférences, jusqu’à la réalité même d’être mère…

Ce qui fait dire à une militante LGBT du genre : « Notre but, c'est d'en finir avec la division sexuelle du travail dans lequel la femme est mère. » Nous ne voulons plus qu'on dise que les femmes sont mères !

Tout ce qui ferait référence à l’identité de l’homme ou de la femme est à proscrire.

Qui peut tolérer des actes ou des paroles d’homophobie ?

Personne. L’homophobie est punie par la loi. Elle regroupe les paroles ou les actes de violence à l’encontre d’une personne en raison même de son homosexualité. Le lobby LGBT a imposé un nouveau sens. L’homophobie résulterait de toute opposition aux revendications du lobby LGBT : le mariage pour tous, l’adoption pour tous, le recours à la PMA ou à la GPA pour des personnes de même sexe…

À ces trois objectifs est associée l’éducation sexuelle à l’école, avec comme référence, la Ligne Azur, qui récemment faisait la promotion du lesbianisme dans sa plaquette « Tombe la culotte », d’une manière particulièrement crue.

Les enfants ne sont pas des cobayes

Quand ce même ministre annonce dans sa lettre aux recteurs d’académie de janvier 2013 qu’il compte « s’appuyer sur la jeunesse pour changer la société » et qu’il faut « arracher les enfants aux déterminismes familial, social et ethnique », alors oui, en tant que premiers éducateurs de leurs enfants, les parents peuvent être inquiets et attendre autre chose de l’école.

Parce que les enfants sont fragiles, ils ne peuvent servir de cobayes. L’éducation à l’égalité ne peut se faire par le déni du lien entre sexe biologique et genre. La véritable éducation à l’égalité passe par l’unité de la personne humaine (corps, intelligence et cœur) et le respect de la distinction des sexes, tant sur le plan biologique que sur le plan social ou psychologique.

Les différences n’empêcheront jamais l’égalité, car l’égalité n’a jamais été l’uniformisation.

 

Élizabeth Montfort et Nicole Thomas Mauro,
anciens députés au Parlement européen

 

Pour en savoir plus :
Nouveau Féminisme européen

Ligne Azur : les éducateurs chrétiens réagissent, Liberté politique, 5 mars 2013