PARIS,[DECRYPTAGE/analyse] — Depuis quelques semaines, la presse fait ses choux gras des syndromes du Golfe et surtout des Balkans. Très curieusement, la presse s'intéresse au sort de quelques soldats, qui se plaignent de troubles divers, dont des leucémies ou cancers.

Mais les populations civiles, qui ont subi des dommages collatéraux, comme disent les officines de relations publiques, de quels troubles souffrent-elles ? Ou bien ces populations n'intéressent-elles pas les journalistes ?

Si l'on tente de faire un point lucide sur ces questions, on note que les munitions comportant de l'uranium sont accusées d'avoir provoqué des troubles divers chez les militaires de l'OTAN. Que sait-on de l'uranium ? C'est un métal lourd, dont la densité atteint 19. Il est connu sous trois variétés isotopiques principales : l'uranium 238, peu radioactif, et les uranium 235 et 234, très radioactifs et donc utilisés dans l'industrie et les armements nucléaires. L'uranium 238, variété la plus courante dans la nature, est utilisée pour le blindage des chars et les armements antichars. L'uranium 238 est peu radioactif : il faudrait le manipuler plus de 900 heures pour recevoir la dose annuelle acceptée par les normes internationales. En revanche, parmi ses caractéristiques physiques et chimiques, l'uranium est très inflammable lorsqu'il est réduit en poussières ou en copeaux, et il constitue un poison pour l'organisme humain lorsqu'il est ingéré ou inhalé sous forme de poussière. Ce sont donc les populations et surtout les militaires irakiens et serbes qui devraient être les véritables et principales victimes de ces armements.

Une étude du Programme des Nations unies (PNUE) pour l'environnement est en cours au Kosovo (" Le Monde ", 7 et 8/1/01). Les armées occidentales auraient tiré 31000 munitions contenant de l'uranium au Kosovo. Les experts des Nations unies ont visité 11 des 112 sites bombardés avec des armes contenant de l'uranium. Ils ont prélevé 247 échantillons de terre, 45 d'eau, 30 de végétation et des fragments des armes à uranium appauvri. Sur trois des sites visités, aucune trace de radioactivité, aucun débris d'uranium n'a été retrouvé. Sur les huit autres, l'équipe du PNUE " a constaté une légère augmentation des rayons bêta, soit dans les points d'impact, soit autour de ces points en raison de la présence de débris d'armes de ce type ". Dans un rapport provisoire, le PNUE recommande que les sites où ont été tirées des armes à uranium appauvri soient isolés et que des examens soient pratiqués sur les populations voisines de ces sites.

Pour l'instant, il n'existe aucune preuve de relations entre l'exposition à l'uranium appauvri et des leucémies ou cancers. Rappelons que les leucémies lymphoblastiques frappent fréquemment les êtres humains jeunes. J.-G. S.