L'affaire Benalla révélatrice de l'épuisement de notre modèle démocratique

Source [Atlantico] Ce que l’affaire Benalla aurait valu à Emmanuel Macron si elle avait eu lieu à Washington, Londres ou Berlin.

Atlantico : Si l'affaire Benalla et ses rebondissements occupent la France depuis près de 6 mois, comment analyser la situation au prisme des démocraties étrangères. Comment pourrait-on imaginer le déroulé d'une telle affaire dans le monde et les institutions anglo-saxonnes, des Etats Unis au Royaume Uni ? 

Plus fondamentalement que la démocratie, c'est l'état de droit qui est en question. Les Britanniques et les Américains disent, et c'est beaucoup plus parlant, rule of law, le règne de la loi. Dans la constitution américaine, le président est soumis à la loi; la séparation des pouvoirs est une réalité. Il aurait été impensable, aux Etats-Unis que le travail des commissions parlementaires soit neutralisé comme cela a été le cas en juillet dernier en France. Le rebondissement récent de l'affaire Benalla tient d'ailleurs largement à l'absence de véritable enquête parlementaire et judiciaire. 

Comment imaginer ce même déroulé en Allemagne ? 

L'Allemagne, contrairement à ce que l'on pense souvent, a un rapport à l'état de droit beaucoup moins clair que le monde anglophone. La façon dont Madame Merkel a pu décider de l'ouverture totale des frontières en septembre 2015 sans aucun contre-pouvoir effectif en est bien la preuve. Néanmoins, un chancelier qui aurait favorisé un individu donné aux dépens des procédures habituelles de son dispositif de sécurité serait disqualifié devant l'opinion. D'une manière générale le train de vie des chanceliers est modeste.  Madame Merkel n'a pu accumuler autant de pouvoir réel qu'à l'abri d'une modestie affichée de son train de vie. 

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