Source [Elements] : Pietro Ciapponi est un jeune militant italien de 25 ans, et l’auteur d’un livre récemment traduit aux éditions de la Nouvelle Librairie, dans la collection de l’Institut Iliade : Les Défis de l’Europe. Entre état des lieux et perspectives d’avenir, il y dresse un portrait cohérent de notre continent. À l’occasion de la traduction française de son ouvrage, il répond à nos questions.
ÉLÉMENTS : Le titre de votre livre souligne délibérément la polysémie du mot « Europe » : comment expliquer la confusion actuelle – si répandue – entre Europe et Union européenne ?
PIETRO CIAPPONI. Longtemps, nous tous Européens avons été confrontés à la superposition de ces deux concepts par la propagande médiatique. Il est évident qu’il y a eu au fil des années une opération politique claire visant à convaincre le citoyen moyen que l’Union européenne était le seul modèle d’organisation politique continentale possible. Les Européens ont été trompés et amenés à croire que, par le terme « Europe », on devait comprendre les structures mornes et amorphes bruxelloises. Cela a provoqué la déconstruction historique et culturelle de l’idée même d’Europe. Avec le temps, le mot « Europe » a donc perdu sa véritable signification mythique et historique – tout comme sa puissance évocatrice – en faveur de son identification à l’Union européenne et à son programme politique Elle n’a que le nom d’Européen, et ses choix ont été souvent anti-européens et ethno-masochistes. Il est difficile de penser qu’en amont de cette situation, il n’y ait pas la volonté des élites actuelles de déconstruire et de saper l’idée même d’Europe. Les lobbies, qui ont promu des idées néolibérales, voient dans l’Europe occidentale l’avant-garde de la société mondialisée et essayent d’inculquer aux peuples l’idée qu’aujourd’hui, l’Europe ne se serait pas un patrimoine historique, culturel et mythique, mais un simple espace globalisé où règne le libre marché et la religion des droits de l’homme.
Cette imposture a été renforcée par le fait qu’on ait voulu faire croire, de nombreuses années durant, que des nations non-européennes par l’histoire, la culture et même la géographie – comme la Turquie ou Israël – pourraient faire partie de l’Union européenne. Cet exemple illustre bien le fait que les technocrates bruxellois ne conçoivent pas l’Europe comme un héritage mythique et historique, mais comme un simple espace apatride et globalisé, à étendre à tous ceux qui sont disposés à se soumettre aux préceptes ordo-libéraux (en ce qui concerne la politique économique) et woke (en ce qui concerne le domaine socioculturel).
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