Suite à une interview accordée au Figaro où Robert Ménard avait fait part de son analyse concernant les résultats décevants du FN, ce dernier s'est fait rabrouer par Marine Le Pen et Florian Philippot, peu enclins à reconnaître leurs responsabilités respectives dans cet échec.
"Robert Ménard n'appartient pas au FN, il devrait s'occuper de son mouvement 'Oz ta droite' et laisser les dirigeants du FN s'occuper du FN" (Marine Le Pen en conférence de presse à Soissons)
"M. Ménard n'est pas au Front national, premièrement. Le FN a explosé ses scores de manière historique, comme jamais. Alors ceux qui veulent qu'on revienne 20 ans ou 25 ans en arrière, qu'on se concentre sur une ou deux questions, c'est très bien, on retournera aux scores d'il y a 20 ou 25 ans" (Florian Philippot sur France 2)
On pourrait faire remarquer à Florian Philippot le manque de pertinence dans sa comparaison puisque le FN en 1997, il y a 20 ans donc, faisait mieux aux législatives avec un score de 14,94% mais laissons Robert Ménard préciser sa pensée pour Boulevard Voltaire :
"Quelle est, pour vous, la remise en question qui doit suivre ce nouvel échec ?
Pardon de me répéter de mois en mois et d’année en année : on ne peut pas gagner dans le système électoral français sans alliance. Ne pas construire d’alliances, c’est se suicider. C’est se suicider non seulement pour le Front national, qui va sortir étrillé de cette affaire, mais également, de la même façon, pour Les Républicains. Je le regrette pour l’un et pour l’autre. Il n’est pas possible qu’il y ait une poignée de députés du Front national alors que Marine le Pen vient de faire plus de dix millions de voix et qu’il y ait quelques dizaines d’élus des Républicains alors qu’ils représentent un courant important de la vie politique de ce pays.
Dans les conditions institutionnelles, compte tenu du mode de scrutin, la droite doit prendre conscience qu’il faut absolument qu’elle s’allie. Sur 90 % des questions, l’électorat du Front national et celui des Républicains pensent exactement la même chose. Soit elle prend acte de cela et elle sort du sectarisme et de l’imbécillité des divisions mortifères qu’elle connaît aujourd’hui, soit elle sera définitivement ringardisée et renvoyée en dehors du match.
Sur le Front national lui-même, nous avons vu que les questions économiques avaient été un gros blocage. Elles ont été extrêmement importantes pendant la campagne. Pensez-vous que c’est la question qui doit agiter le Front national de l’intérieur après ces élections ?
Il faut réguler un certain nombre de questions et c’est l’affaire du Front national. Je n’y suis pas, mais si on me demande mon avis (et un certain nombre de gens, au Front national, me le demandent), tant qu’ils n’auront pas définitivement tourné la page de cette idée stupide de la sortie de l’euro, tant qu’ils n’auront pas, sur les questions économiques, envisagé autre chose qu’un discours d’extrême gauche identique ou presque à celui de monsieur Mélenchon, tant qu’en termes d’alliance des liens n’auront pas été tissés avec d’autres partis, tant que le Front national ne reverra pas son mode de fonctionnement et une partie des gens qui l’incarnent, il ne s’en sortira pas et c’est la France qui ne s’en sortira pas. Il faut construire un grand parti conservateur. Cela inclut le Front national, mais ce n’est pas que le Front national.
Source : Salon Beige