Tandis que l’immobilisme gagne le sommet, les minorités créatrices résistent pour nourrir et préserver l'organisme national.
C’EST UNE SURPRISE quotidiennement renouvelée de voir un pays tenir malgré ses déficits abyssaux, son immobilisme et son incapacité à se réformer. Certes, les élites mortes qui nous gouvernent font des prouesses d’équilibriste afin d’organiser le naufrage silencieux du navire, tandis que les passagers sont tenus de rester sagement à leur place, l’attention rivée sur un écran.
Minorités créatrices
Toutefois, depuis qu’ils sont devenus les simples gestionnaires de la faillite différée, il est devenu difficile pour les gouvernants de confiner les élites naturelles du pays. Celles-là mêmes qui se reconnaissent à trois qualités essentielles : le courage, le travail et l’audace créatrice.
Dans un système où les dirigeants sont paralysés par la peur, l’inertie et le conformisme, la France tient aujourd’hui grâce à l’acharnement au travail d’une minorité active qui porte tout l’édifice, mais également en raison de l’indiscipline créatrice et communicative de minorités innovantes qui réintroduisent la vie au cœur de grandes entreprises ou d’administrations fossilisées.
Plus l’immobilisme gagne le sommet, plus les minorités actives et créatrices sont sollicitées.
Les libertés françaises
Or l’esprit d’entreprise et de responsabilité est beaucoup plus répandu qu’on ne veut bien le croire. Jusqu’à une date très récente, la France était en effet essentiellement constituée de paysans et d’artisans, c’est-à-dire de micro-décideurs sécrétant de l’initiative et de la responsabilité.
Nous sommes en effets les héritiers directs d’une révolution accomplie entre le IXe et le XIe siècle, au cours de laquelle le monde lourd, figé et sans imagination de la villa à laquelle sont attachés les serfs, cède la place à des communautés de micro-décideurs.
Renouveler les élites
Nées au XIIe siècle, les libertés françaises ont pour garant une aristocratie militaire protectrice. Or qu’on le veuille ou non, cette aristocratie militaire, lorsqu’elle n’a pas rompu avec les arts, incarne la quintessence de l’esprit français.
La société militaire française s’oppose, à ce titre au contre-modèle d’une société policière. Ceci explique l’importance accordée aux différents chefs de l’État à leur statut de chef des armées, surtout lorsque les difficultés intérieures surgissent.
L’effondrement différé se présente dans ces circonstances comme une opportunité stratégique. Ce temps suspendu doit être saisi. Le renouvellement pacifique des élites est en effet la condition du redressement.
Thomas Flichy de La Neuville est historien du droit et des institutions, professeur à l'ESM de Saint-Cyr.
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Qui a eu l'honneur de faire son service militaire comme EOR ou sous officier...
Qui eut l'honneur et l'a encore de diriger un service, un département ou une organisation publique ou privee pas forcément a Paris mais ailleurs...sait bien que le fond de notre pays est encore fort de cet esprit remarquablement résumé ici. La seule attente de nos concitoyens est d'avoir des chefs totalement dévoués à servir le bien commun. Si il est honnête et courageux , ce chef est soutenu et aidé. C'est l'ADN français. Celui que les fils de 68 ont voulu renier.
Mais comme les vallées ou les champs meurtris par les bombes revoient la nature reprendre ses droits, l'âme française ingénieuse généreuse et courageuse renait des décombres. Et elle a 25 ans...