Manifestations en Algérie : "Un sursaut populaire, inédit et spectaculaire" contre le cinquième mandat de Bouteflika

Source [Francetvinfo.fr] De nouveaux rassemblements sont prévus dimanche dans les grandes villes algériennes contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika qui brigue un cinquième mandat. 

"Jusqu'où ira la mobilisation ?" se demande le quotidien algérien El Watan, dimanche 24 février, quand Liberté estime à sa une que "Les Algériens ont brisé le mur de la peur". Vendredi, des milliers d'Algériens ont défilé à travers tout le pays contre le cinquième mandat que brigue le président Abdelaziz Bouteflika, 81 ans. De nouveaux appels à manifester dimanche dans les grandes villes algériennes ont été diffusés sur les réseaux sociaux avec le même mot d'ordre.

"Pas de 5e mandat""Ni Bouteflika ni Saïd" (frère du chef de l'Etat, souvent perçu comme son successeur potentiel), ont notamment scandé les manifestants dans le centre d'Alger où toute manifestation est officiellement interdite depuis 2001. Les observateurs soulignent le caractère massif, pacifique et spontané du mouvement de contestation. Nous avons interrogé Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerrannéen, basé à Genève (Suisse). 

Franceinfo : Pourquoi cette révolte de la rue algérienne est-elle inédite ?

Hasni Abidi : C'est inédit car cela marque un tournant dans l'histoire politique algérienne récente. Depuis la parenthèse démocratique et les émeutes d'octobre 1988, on n'a jamais vu un sursaut populaire aussi fort. Par ailleurs, le mouvement est hors de tout cadre politique ou syndical, pacifique, et avec une revendication politique claire : "non" au cinquième mandat de Bouteflika. 

Et ce qui fait la singularité de ces événements, c'est qu'ils surviennent alors que tout le monde pensait que les Algériens avaient déserté le champ politique. De manière spectaculaire, ils viennent de montrer qu'ils sont conscients, engagés dans la chose politique en Algérie. Enfin, le déroulement de ces rassemblements, pacifiques, pluriels, sans récupération des islamistes ou d'autres partis politiques, dénotent également d'une prise conscience de la part des Algériens pour prendre leur destin en main.

Qui est derrière ce soulèvement ? 

C'est un véritable mouvement citoyen. Les manifestations du 22 février surviennent après plusieurs rassemblements qui n'ont pas ou peu été médiatisés. Essentiellement dans l'est du pays, un mouvement de colère a pris forme sur des questions économiques et sociales. Dans ce contexte, la mise en scène de l'annonce de la candidature du président Bouteflika pourcinquième mandat a été ressenti par les Algériens comme l'ultime humiliation de la part du régime. A la suite de cela, des appels anonymes au soulèvement se sont multipliés sur Facebook et sur les réseaux sociaux et ils ont trouvé écho auprès des Algériens.

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