Dossier : L'Eglise face aux agressions sexuelles 49 Été 2010
En voulant rompre la domination corrosive du binôme État/marché sur la vie sociale, Benoît XVI ouvre une voie avec le concept de société civile pour montrer que ce sont les valeurs communes qui doivent orienter l'État et le marché. Ni l'État (la démocratie), ni le marché (la consommation), ne doivent définir les normes morales. Celles-ci ont un fondement anthropologique. Les principes de subsidiarité et de solidarité commandent à la société civile de revendiquer pleinement son rôle, de se libérer des pressions administratives, démocratiques ou économiques, de mobiliser ses acteurs pour moraliser l'État et le marché.
À nos lecteurs
Caritas in veritate, un appel à libérer la société civile
Par FRANÇOIS DE LACOSTE LAREYMONDIE
Libérer la société civile
L'OUVERTURE DE LA SOCIETE AU DON RECIPROQUE
Mgr NICOLAS BROUWET — Dans une société profondément marquée – et peut-être même structurée – par les lois propres à l'activité économique et par les principes de l'agir politique, l'oubli du don, réduit à une logique contractuelle, est un véritable rétrécissement de l'horizon social. Pour réhumaniser la société, il faut réapprendre à recevoir.
LA NAISSANCE DE LA SOCIETE CIVILE
JEAN-FRANÇOIS MATTEI — Le monde moderne est celui de la séparation. Par glissements successifs, les hommes ont enfermé le sens de leur existence dans leurs jouissance privées . L'avenir est à la conciliation de la société civile et du monde politique autour des exigences les plus hautes de la vie en commun.
LA SOCIETE CIVILE SELON BENOIT XVI
JEAN-YVES NAUDET — Benoît XVI n'est pas le premier pape à utiliser le terme de société civile, mais le concept évolue sensiblement avec lui. Il évoque plutôt la réalité sociale des corps intermédiaires, distincts des ordres politiques et marchands, à qui il revient de leur donner leur orientation éthique.
SOCIETE CIVILE : LE ROLE DE LA CARITAS
PIERRE COULANGE — Pour sortir de la domination exclusive du binôme État-marché, l'encyclique sociale de Benoît XVI voit dans la caritas une solution, en la situant non seulement au centre de la société civile, mais aussi comme un principe efficace pour renouveler l'ensemble de la vie commune.
LA CHARITE ET SON ORDRE
PHILIPPE BENETON — Caritas in veritate s'inscrit dans la continuité des encycliques sociales de Paul VI et Jean Paul II, mais en radicalisant en quelque sorte le message. Si elle approfondit la sagesse pratique de l'Église pour humaniser la société, elle innove en faisant de la charité le principe dynamique de toute construction sociale durable et vraie. D'où certaines difficultés.
SORTIR DE LA DOMINATION CORROSIVE DU BINOME MARCHE/ÉTAT
JEAN-PIERRE AUDOYER — Caritas in Veritate propose une vision traditionnelle des rapports entre l'État et le marché, du point de vue de la théorie économique et de la vision de l'Église. Dans le même temps, ce texte dépasse cette bipolarisation en ouvrant des perspectives.
À QUI APPARTIENT LA SOLIDARITE ?
JEAN-MARIE ANDRES — Le surdéveloppement du caritatif d'État procède autant du désengagement des individus que d'un transfert généreux mais maladroit de la protection sociale. La solution passe par une culture commune instillant la Caritas par la présence de personnes aimantes au cœur des structures.
À QUI APPARTIENT LA FAMILLE ?
JEAN-DIDIER LECAILLON — L'articulation entre l'ordre social, l'ordre politique et l'ordre marchand passe par l'épanouissement et le développement de la cellule familiale, dans sa dimension particulière et communautaire. Cela suppose une fiscalité juste et efficace.
L'ECHANGE SOLIDAIRE EN VERITE
JACQUES BICHOT — La justice de nos systèmes de sécurité sociale échappe-t-elle à la générosité sans vérité, que Benoît XVI évoque comme un risque mortifère ? Les mensonges qui ont colonisé notre protection sociale sont colossaux, en, particulier dans le domaine de la solidarité entre les générations.
Avec les éclairages d'ARMEL PECHEUL (L'État et l'éducation), HUGUES RENAUDIN (Une expérience de formation solidaire) et AUDE DE KERROS (L'État, l'art et la culture).
Dossier
L'Église face aux agressions sexuelles
Dans sa Lettre aux catholiques d'Irlande à propos du scandale pédophile , le pape s'adresse aux victimes, aux coupables puis à tous les chrétiens en appelant à la pénitence. L'Église n'a pas peur du monde , dit par ailleurs Benoît XVI. Le lynchage médiatique dont a fait preuve par exemple le cardinal Bertone doit être décrypté : le sens des mots, la réalité scientifique, apaiseront les esprits. Quant aux évêques, deux questions sont soumises à leur attention : savoir appliquer la discipline du droit canonique et celle de savoir se situer par rapport à la morale publique.
PETITE LEÇON HISTORIQUE DE VOCABULAIRE EROTIQUE A L'USAGE DES CHRETIENS DESEMPARES
CATHERINE ROUVIER — Retour sur la petite phrase du cardinal Bertone sur le lien entre homosexualité et pédophilie. De l'histoire des mots à la recension des sources devrait jaillir une explication des causes de cette reviviscence préoccupante du lynchage médiatique.
L'AGRESSION SEXUELLE ET SA SANCTION EN DROIT PENAL CANONIQUE
BERNARD DE PUY-MONTBRUN —Dans sa lettre aux catholiques d'Irlande à propos du scandale pédophile , le pape s'adresse aux victimes, aux coupables puis à tous les chrétiens en soulignant les devoirs qui incombent aux évêques. Deux questions sont soumises à leur attention : savoir appliquer la discipline du droit canonique et celle de savoir se situer par rapport à la morale publique.
Les autres articles de ce numéro :
Questions disputées
JACQUES MARITAIN, ENTRE MORALE ET POLITIQUE
À propos de la réédition de La Philosophie morale et L'Homme et l'État.
Par YVES FLOUCAT
UNE TRUCULENTE DEFENSE DU PAPE
À propos de Gaspard-Marie Janvier, Minutes pontificales sur le préservatif
Par HELENE BODENEZ
Feuilletons
LE FEUILLETON INTERNATIONAL
Europe : de la crise financière à la crise politique
Par FRANÇOIS DE LACOSTE LAREYMONDIE
LE FEUILLETON BIOETHIQUE
Les enjeux de la révision des lois de bioéthique
Par ÉLIZABETH MONTFORT
TOILE DE FOND
À propos de Jérôme Alexandre, L'Art contemporain, un vis-à-vis essentiel de la foi
Par AUDE DE KERROS
Revue des livres et des idées
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20,00 €