Article rédigé par Famille Chrétienne, le 06 mars 2018
Source [Famille Chrétienne] En réponse au communiqué de presse de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, une centaine de professionnels de la santé ont signé une pétition [1] pour défendre la fiabilité des méthodes naturelles. Initiatrice de ce texte avec les docteurs Anne Deheeger et Sophie Saab-Tsnobiladze, Marion Vallet, sage-femme et chargée d’enseignement à la faculté de médecine et maïeutique de Lille, répond aux contrevérités.
Pourquoi la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale s'en prend-elle d'un coup aux méthodes naturelles ?
Je ne connais pas leur calendrier mais un événement concomitant au communiqué de presse a eu lieu à Nantes, le samedi 23 février, rassemblant plus de 80 professionnels de santé autour du thème : « pour une nouvelle écologie de la sexualité ». Était développé lors de ce congrès médical les dernières mises à jour sur les méthodes d’observation du cycle. Hasard ? Coïncidence ? Nous savons que le docteur de Reilhac (présidente de la FNCGM) exerce à Nantes.
Par ailleurs, ces derniers temps, la presse a beaucoup relayé d’informations sur ce sujet et en particulier sur l’application Natural Cycles suite à 37 grossesses non programmées de femmes utilisant cette application en Suède.
Comment expliquer cette ignorance des méthodes naturelles de la part d'une grande partie des gynécologues ?
Cette ignorance est simple. Les professionnels de santé n’apprennent pas ou peu la physiologie de la fertilité à l’université. Les différentes méthodes d’observation du cycle sont balayées voire inexistantes dans nos cours universitaires et c’est très dommageable. Nos études universitaires évoquent rarement ce sujet. En réalité, de nombreux confrères se sont déjà penchés sur ces questions – dont nous avons cité quelques noms en annexe. Eux aussi étaient et sont gynécologues, endocrinologues, neurologues, pédiatres... et ils ont consacré leurs vies à la recherche sur la fertilité. Ils ont fait de nombreuses découvertes qu'ils ont publiées dans les journaux médicaux nationaux et internationaux (cf. sites internet cités en bas de page). Ils sont encore nombreux aujourd'hui à étudier ce sujet de la fertilité à travers le monde, car nous n’avons jamais fini de comprendre la physiologie du cycle ovulatoire [2].
C’est ce qui m’a poussée à me former à la méthode de l’ovulation Billings en 2011 puis à faire un master « Fertilité et sexualité » en 2016 et enfin à créer en 2017 un organisme de formation M2M Formation pour proposer un enseignement scientifique et précis sur ce sujet. Lors des journées de formation que j’organise, je rencontre de nombreux professionnels de santé (médecins, sages-femmes, pharmaciens, infirmières, …) qui font tous le même constat sur leurs lacunes universitaires.
Est-il encore normal au XXIe siècle d’achever nos études médicales sans connaître les aspects fonctionnels de la physiologie du cycle ? Sans connaître précisément les bénéfices pour la santé de la femme apportés par les hormones naturellement produite lors du cycle physiologique ? Sans savoir répondre à des questions simples ? En balayant avec mépris les différentes méthodes d’observation du cycle sans se donner la peine de la précision sur chacune d’elle. C'est pourtant bien la réalité française, venant de la demande de nombreuses patientes. Alors n’hésitons pas à voir comment cela se passe chez nos voisins.
La fiabilité des méthodes naturelles est mise en cause. Que leur répondez-vous ?
Mises au point par des scientifiques entre 1960 et nos jours, les méthodes d’observation du cycle reposent sur une connaissance approfondie de la physiologie gynécologique. Elles utilisent un protocole d’observation et d’analyse quotidienne des signes cliniques de fertilité, bio-marqueurs fiables de l’état d’avancement du cycle menstruel. Ces méthodes sont tout sauf aléatoires. Elles sont très précises et rigoureuses. Leur pédagogie d’enseignement aux femmes et leur fiabilité au quotidien ont été validées par des études de haut niveau de preuve. Elles font donc partie des méthodes « evidence-based » de gestion de la fertilité ! Nous soulignons également que la recherche est continue concernant ces méthodes ! Des études récentes continuent à être publiées [3]. Les protocoles scientifiques de chaque méthode d’observation du cycle à évoluer, et de nouvelles méthodes voient le jour [4], selon les données actuelles de la science.
Oui, pour garantir un fort taux d’efficacité elles nécessitent rigueur, formation et aucun « bricolage ». Nous ne sous-estimons pas les difficultés liées à leur apprentissage mais nous témoignons aussi de la façon dont de nombreuses femmes, de nombreux couples les intègrent aisément à leur vie et en sont parfaitement satisfaits.
Constatez-vous une demande croissante d'intérêt de la part des femmes vis-à-vis de ces méthodes ? Et des professionnels de la santé ?
Lorsque nos patientes recherchent un moyen de gérer leur fertilité plus naturel, plus respectueux du corps et plus respectueux de l’environnement, que leur répondons-nous ? L’augmentation du nombre de telles demandes est indéniable. Ces demandes émanent d’une volonté de connaissance et d’appréciation de la féminité (et non d’un antiféminisme ou de l’obscurantisme, ni d’une simple « peur des hormones de synthèse ») ; c’est bien plus que cela ! Cependant, face à ces demandes, quel est notre raisonnement ? Même si nous ne sommes personnellement pas d’accord avec une telle démarche, fondons-nous notre réponse sur les données récentes de la science, ou sur notre opinion personnelle ? De telles questions n’ont-elles pas déjà été posées, au cours des 30 dernières années, à des médecins et scientifiques de renom ? Quelles réponses ont été apportées ?
Ainsi, à l’heure où une nouvelle génération de femmes semble vouloir reprendre possession de son corps via ce qu’elle appelle l'"empowerment", nous croyons que nous, professionnels de santé, devons être à l’écoute de cette demande. Nous devons être compétents et à la hauteur de leurs attentes, afin de les accompagner efficacement et sans jugement.
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