Article rédigé par Le Salon Beige, le 02 août 2017
[Source : Le Salon Beige]
Les éditions Via Romana ont publié un recueil de textes de Gilbert Keith Chesterton intitulé Pourquoi je suis catholique. Baptisé anglican, agnostique à l’adolescence, Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) devint un fervent anglo-catholique à la fin du XIXe siècle. Assoiffé de cohérence intellectuelle et morale, l’auteur des Hérétiques et d’Orthodoxie poussa sa quête religieuse jusqu’à professer le catholicisme romain en 1922, étape déterminante dans sa carrière littéraire. Ce processus de conversion au catholicisme n’est d’ailleurs pas étonnant dans une Angleterre marquée par érosion spirituelle et modernisme, qui poussent de grands intellectuels à retrouver la foi des leurs pères. Le célèbre écrivain-journaliste prolifique se fit l’apologète de l’Église catholique à travers des ouvrages et d’innombrables essais polémiques paraissant tant dans les journaux britanniques que dans la petite presse catholique du Royaume-Uni. Le meilleur de ces articles de la fin des années 1920, toujours empreints de réflexions paradoxales, fut publié en 1929 sous le titre Pourquoi je suis catholique, traduit ici pour la première fois. Extrait :
"Notre religion est actuellement la plus rationnelle de toutes les religions. Elle est même, dans un sens, la plus rationaliste de toutes les religions. Ceux qui en parlent comme d'une religion purement ou principalement sentimentale ne savent simplement pas de quoi ils parlent. Ce sont toutes les autres religions, toutes les religions modernes, qui sont purement émotionnelles. C'est aussi vrai du salut émotionnel chez les premiers protestants que de l'intuition émotionnelle chez les derniers modernistes. Nous sommes les seuls à accepter l'action de la raison et de la volonté, sans aucune assistance nécessaire des émotions. Dans le monde d'aujourd'hui, un catholique convaincu sera sans peine la personne la plus logique et la plus réaliste. Mais cette vieille calomnie nous accusant du sentimentalisme mielleux dans tout ce que nous disons et faisons, est terriblement perpétuée par cette simple confusion au sujet des mots. On suppose encore que nous avons un type de dévotion loufoque, alors qu'il est vraiment des plus sensés, simplement parce que nous avons pris une expression étrangère et l'avons mal traduite, au lieu de la laisser en latin pour ceux qui comprennent le latin, ou de la confier en anglais à des gens qui savent écrie en anglais."