Article rédigé par Philippe de Saint-Germain, le 10 février 2011
L'annonce de la naissance du premier bébé-médicament français était attendue. Alors que s'ouvre le débat parlementaire sur la révision de la loi de bioéthique de 2004, la Fondation de Service politique juge opportun de signaler les graves dérives éthiques du procédé. La méthode repose sur le rejet programmé des embryons sains non-compatibles. Cette technique ouvre la voie de l'utilitarisme poussé à l'extrême, la création de l'humain au service d'autrui. Il s'agit d'une étape de plus dans la dérive eugéniste.
Une technique contestable sur le plan éthique. Plusieurs spécialistes parlent de faux espoirs donnés à l'opinion publique, tant les chances de réussite sont infimes. Statistiquement, le nombre d'embryons qui vont répondre aux critères de sélection est de 3 sur 16.
Une technique médicalement inutile car d'autres voies sont possibles pour se procurer du sang de cordon compatible. La Fondation de Service politique rappelle qu'il existe des alternatives médicales à la conception de bébé-médicament : soit le gène-médicament , soit la greffe de sang de cordon d'un enfant immuno-compatible.
En considérant le bébé-médicament comme un bébé-instrument , la procréation humaine est détournée au profit du projet de création d'un être humain dont la mission principale est d'être un médicament. Dans un rapport de 2009, le Conseil d'État avait tiré la sonnette d'alarme en soulignant que cette pratique contredit frontalement le principe selon lequel l'enfant doit venir au monde d'abord pour lui-même . L'enfant ainsi conçu sera un enfant exposé à des risques psychiques spécifiques lourds.
L'Association pour la Fondation de Service Politique appelle les députés à la vigilance et à la responsabilité : le bébé-médicament est inutile scientifiquement et contestable sur le plan éthique. Pour répondre à la demande des enfants atteints de ce type d'affection, la France doit faire le choix de banques de stockage de sang de cordon en quantité suffisante.
■ La Fondation de Service politique est un centre d'études politiques créé en 1992. Indépendant de tout parti politique, son but est de promouvoir dans la vie publique une pensée politique et sociale inspirée par l'enseignement social de l'Église. Elle publie depuis 1996 la revue d'idées trimestrielle Liberté politique. Renseignement : www.libertepolitique.com
Pour en savoir plus :
La Note de l'AFSP par Pierre-Olivier Arduin : Bébé-médicament : une étape de plus dans la dérive eugéniste
Les Notes bleues La Bioéthique et nos principes juridiques fondateurs
***