Article rédigé par François Martin, le 14 septembre 2012
Je suis un consultant pour les questions internationales. A ce titre, je suis souvent contacté par des amis ou contreparties, qui m’interrogent pour des missions à l’étranger. Cette semaine, un ami m’envoie un message pour me demander si je serais intéressé à répondre à un appel d’offre pour un pays arabe.
Le thème en est l’égalité des chances à l’école. Ma partie n’étant pas celle-là, bien sûr, je ne vais décliner, mais le libellé du mail introductif, auquel le texte de l’appel d’offre est joint, attire mon attention, car il précise « la thématique de l’égalité du genre à l’école ». Etonné de trouver cette terminologie dans un appel d’offre provenant d’un pays arabe musulman, je prends la peine de me plonger dans les 100 pages du texte de l’appel d’offre, et j’y découvre que la terminologie employée par les donneurs d’ordre est bien « l’égalité des sexes à l’école » et non « l’égalité du genre ». Je me dépêche d’écrire à mon ami, pour lui dire que la reprise dans le texte accompagnateur est impropre, et divergente par rapport à celle du texte de l’appel d’offre, et que le fait de la relayer telle quelle pourrait peut-être déplaire aux donneurs d’ordre et contrevenir à ses intérêts. Quelques minutes plus tard, je reçois un message me remerciant chaudement pour ma vigilance, et en reconnaissant que la terminologie employée est sujette à caution. La terminologie relative au genre lui a été transmise ainsi par son correspondant local.
Quelle est la morale de cette petite histoire, une parmi beaucoup d’autres ?
Nos ennemis idéologiques sont très puissants. Ils bénéficient de très nombreux réseaux, d’énormes quantités d’argent, provenant souvent de fondations américaines, ils sont très bien organisés. Ils sont aussi très déterminés et sans scrupules, n’hésitant pas à détourner les termes d’un appel d’offre commercial étranger, pour faire passer, insidieusement, leur philosophie et leur « morale », contraire à celle du pays en question. Ce sont des révolutionnaires professionnels, qui ont décidé de changer la société et de changer l’homme, pour les rendre conformes à leur propre vision, celle d’un monde sans Dieu où la Liberté de l’Homme est un dogme absolu (mais où, bien entendu, seuls ceux qui ont du pouvoir pourront l’exercer). Instrumentaliser la liberté est donc, pour eux, le moyen d’instaurer leur domination. Nous avons vu, dans le domaine économique, où cela nous a conduit. Ils n’ont pas pour autant renoncé à instaurer le même système dans le domaine des mœurs, du sexe, de l’éducation, du début et de la fin de vie. Lorsque la liberté absolue sera instituée, seuls, sans contrepouvoirs, ils règneront. C’est à cause de cet enjeu qu’ils se battent si fort.
En face, nous sommes peu nombreux à vouloir combattre. Nous sommes pleins de bonne volonté, mais pauvres en moyens, mal organisés, trop peu déterminés. Face aux professionnels de l’insurrection idéologique, nous sommes des amateurs. Nous comptons sur l’Esprit Saint, mais nous ne nous demandons pas si l’Esprit Saint peut compter sur nous. Si l’Evangile nous demande d’être « des brebis au milieu des loups », c’est pour que nos intentions soient pacifiques, que nous combattions pour le bien commun, et pas pour nos intérêts exclusifs. Mais certainement pas pour que nous n’ayons comme but que d’être égorgés, et comme moyen que la naïveté [1], l’impuissance, l’impréparation et l’amateurisme. Dans l’expression « légitime défense », il y a le mot « légitime ». Nous sommes en guerre. Pour combattre, et nous voulons combattre, il nous faut de la volonté, de l’intelligence, de l’organisation et des moyens. Si les premières sont de notre ressort, les moyens dépendent des autres, de nos amis, de nos lecteurs.
« Ce n’est pas ceux qui me disent Seigneur, Seigneur… ». Si la vocation de certains est d’aller au martyre, avec la robe de bure et la corde au cou, ce n’est pas une attitude pour tous. Notre défense est légitime. Pour cela, nous avons besoin de vous. L’affaire est grave. Par pitié, pas de fleur au fusil !
[1] Les derniers sondages relatifs à la proposition du ministre Peillon de mettre en place des cours de « morale laïque » montrent que celle-ci reçoit, si du moins ces sondages ne sont pas trafiqués, l’assentiment massif des chrétiens. Est-ce qu’ils ont perdu la mémoire ? Nous avons déjà vu ce type de rhétorique : En 1789, en 1905, en 1983. On a vu comment cela s’est passé ensuite. Faut-il encore une fois tomber dans le piège, les yeux « grands fermés » ?