Jeux Olympiques : entre patriotisme cocardier et gâchis

Les Olympiades parisiennes ont provoqué un tollé avec leur cérémonie d’ouverture. L’épisode non moins ridicule du nettoyage de la Seine à plus d’un milliard d’euros complète le tableau de Jeux à la fois idéologiquement dégénérés et financièrement coûteux.

En sus de ces misères qui étaient prévisibles s’ajoute une forme de patriotisme autorisé, niais et très convenu.

Cocorico, France TV fait dans le patriotisme ! Si l’amour de son pays, l’attachement à la Terre et à notre peuple sont d’ordinaire mal vus par la presse publique, le temps des Jeux donne lieu à des envolées patriotardes qui frisent souvent le ridicule. Comme pour le football quelques semaines plus tôt, les journalistes se vautrent dans le chauvinisme et perdent tout sens commun.

Les athlètes magnifiés comme des idoles servent un mécanisme somme tout assez banal dans l’histoire de l’humanité : « du pain et des jeux ».

La beauté du sport, le dépassement de soi et la compétition entre athlètes sont quelque chose de plaisant mais cette fièvre chauvine et sa récupération politique par Emmanuel Macron laissent un goût amer. Écouter les commentaires pendant plus d’un quart d’heure relève, à de rares exceptions près, du supplice. Dans un français souvent médiocre, les présentateurs défendent leurs champions avec une certitude déconcertante et surjoue l’émotion avec notamment l’usage du champ lexical religieux et la fameuse « communion du public ».

 

Difficile aussi de ne pas avoir un arrière-goût amer après les épreuves de triathlon pour lesquelles l’épreuve de natation s’est déroulée dans la Seine. La victoire d’une championne française et la médaille de bronze chez les hommes ne nous consoleront pas des dépenses somptuaires censées assainir la Seine.

Cette arnaque chiffrée à 1,4 milliard d’euros, qui n’est pas sans rappeler les avions-renifleurs de Giscard, ne profitera pas à « tous les parisiens » comme promis par Anne Hidalgo qui éructe à tue-tête à propos de l’ « héritage des Jeux ». La Seine n’est pas praticable et si quelques compétitions auront lieu dedans (et avaient déjà eu lieu par le passé), ce fleuve ne deviendra pas une piscine géante pour bobos et banlieusards.

 

Avec un patriotisme autorisé et cloisonné alors que ceux qui se réclament de l’amour de leur pays sont mis au ban dans le système institutionnel français, avec un coût exorbitant dans un pays qui devrait renouer avec les hausses d’impôts à l’automne, la petite pause olympique que connait la France aura été de courte durée.

 

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique