Hier 24 mars, a été remis au Saint-Père le Prix Charlemagne 2004, attribué à titre exceptionnel par la municipalité d'Aix-La-Chapelle (Allemagne) pour son apport à l'unité européenne. Lors de la cérémonie, animée par le chœur de la cathédrale, le maire de la cité rhénane, M.

Jürgen Linden, et le président du Comité du prix, M.Walter Evershein, ont remis cette distinction au Pape. Ce prix, qui fait référence à Charlemagne, dont l'empire comprenait de nombreux pays de l'actuelle Europe, est décerné chaque année depuis 1950.

Charlemagne, souverain du premier empire européen, souvent qualifié de " Père de l'Europe ", a donné son nom à la récompense européenne la plus importante de notre époque : le Prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle. Ce dernier est décerné depuis 1950 à des personnalités remarquables qui se sont engagées pour l'unification européenne. Véritable lien entre le passé et l'avenir, ce prix met en évidence une continuité depuis la fondation de l'Europe médiévale jusqu'à l'architecture de notre Europe moderne.

L''idée de décerner un Prix Charlemagne est née en 1949 dans le contexte politique difficile de l'après-guerre. Pour soutenir les efforts de rapprochement de l'union entre les peuples pendant la guerre froide, des notables d'Aix-la-Chapelle présentèrent au public leur projet d'attribuer un prix européen. Ce prix se devait de souligner les actions soutenant le dialogue entre les peuples, la paix mondiale et l'humanité. Les 12 membres fondateurs signèrent un peu plus tard la " Proclamation de 1949 " qui est le pilier du Prix Charlemagne.

La " Proclamation de 1949 " représenta pendant près de 40 ans l'esprit du Prix Charlemagne. Cependant, à la fin des années 80, les réalités politiques d'après-guerre avaient évolué : la Guerre froide prenait fin avec la chute de l'empire soviétique et la réunification de l'Allemagne. L'Union européenne s'agrandissait. Afin de réagir à ces évolutions politiques, le Conseil de la ville d'Aix et la Société du Prix Charlemagne réactualisèrent le contenu de la Proclamation de 1949. De nouveaux points prévoyaient une participation plus forte des pays de l'Europe de l'Est et soulignaient le rôle essentiel de l'Europe pour réduire le déséquilibre existant entre l'Europe du Nord et celle du Sud.

Décerné pour la première fois en 1950, le Prix Charlemagne fut attribué à plus de 40 personnalités, dont les plus connues sont Winston Churchill (1955), Walter Scheel (1977), Henry A. Kissinger (1987), Francois Mitterand et Helmut Kohl (1988), Václav Havel (1991), Roman Herzog (1997), Tony Blair (1999), Bill Clinton (2000) et Valéry Giscard d'Estaing (2003). Outre les personnalités politiques, on compte également des représentants de la vie culturelle et sociale tout autant que des institutions - en effet, le Prix 2002 fut attribué à la monnaie européenne, l'euro.

C'est le Comité de direction de la société du Prix Charlemagne qui décide chaque année des lauréats. Cette sélection est indépendante et a lieu en conseil privé. Outre le maire, le prévôt du chapitre, le recteur de l'Université aixoise, ce comité de direction compte huit autres membres - des citoyens d'Aix-la-Chapelle- ce qui confère à ce Prix Charlemagne une dimension citoyenne. La récompense comprend une somme symbolique de 5.000 euros ainsi qu' une médaille dont l'une des faces représente Charlemagne assis sur son trône - tel que le grand sceau de la ville du XIIe siècle le représente. La médaille du Prix Charlemagne ainsi que l'arrêté de nomination sont traditionnellement conférés le jour de l'Ascension dans la Salle de couronnement historique de l'hôtel de ville d'Aix-la-Chapelle par le maire - dans le cadre d'une cérémonie.

En annonçant son dernier choix le 22 janvier, le Comité du prix soulignait "l'extraordinaire contribution du Pape au processus d'intégration européen, et ses efforts pour que l'Europe exerce une influence dans le concert international", rappelant son rôle dans la chute du Rideau de fer entre les deux parties du continent. À l'heure où le chef de l'Eglise bataille aussi fermement et avec une constance sans faille pour la reconnaissance de l'héritage chrétien dans le futur traité européen, cette récompense est aussi un signal en direction de ceux qui veulent déraciner l'Europe.

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