Source [Conflits] : L’armée française est de plus en plus confrontée à des problèmes de recrutement. Elle a dû mal à attirer les meilleurs dans ses rangs et à les retenir. Pour l’avenir de la France, il est pourtant essentiel que l’armée puisse attirer l’élite de la nation.
Par Martin Anne
« Derrière Alexandre, il y a toujours Aristote » déclarait le général de Gaulle. Cette citation couplée à l’évolution constante des technologies et la réactivité des différents protagonistes au Levant et en Europe de l’Est, nous rappelle la nécessité d’avoir des officiers intellectuellement agiles, capables de décider rapidement et efficacement. Il est donc nécessaire d’attirer dans les promotions des grandes écoles militaires les plus capables de la nation.
Pour cela il faut d’abord les trier, le système de classe préparatoire actuel permet de sélectionner efficacement tout en formant intellectuellement les candidats. Le niveau de ce système de sélection par concours étant liée au niveau du vivier et le niveau scolaire s’abaissant, on pourrait en déduire que nos intégrants sont naturellement moins doués.
Savoir sélectionner les meilleurs
Pourtant, l’effet de l’effondrement du niveau scolaire observé par les classements PISA cache une importante disparité. En effet, si le niveau des moyens et des plus faibles s’est abaissé, le niveau des meilleurs est resté constant. On constate également que les meilleurs lycées sont concentrés dans les grandes métropoles, notamment en Île-de-France.
Malheureusement, le nombre d’Aspirants des armées originaires des classes préparatoires parisiennes est particulièrement bas. Si la place prépondérante des classes préparatoires militaires dans l’origine des lauréats des concours d’officiers est une explication à ce phénomène, les élèves originaires des lycées parisiens en classe préparatoire des lycées militaires sont aussi marginaux. A contrario, les élèves originaires de ces établissements sont légion à HEC, Polytechnique et ENS.
Le lien entre performance académique et origine sociale étant incontestable, les grandes écoles militaires doivent aspirer à recruter des élèves officiers originaires des grandes métropoles.
On pourrait rétorquer que c’est impossible, que la remise en question de l’autorité de la société rend la jeunesse française imperméable à la rigueur militaire. Si cette remise en cause s’est incarnée dans le monde du travail, notamment par le système de start-up qui attire la jeunesse diplômée, elle a atteint aujourd’hui ses limites. On observe en effet que l’école Polytechnique conserve une année complète liée à son statut militaire en mettant en avant le développement des qualités humaines de ses élèves. HEC propose à ses élèves une formation au leadership de plusieurs semaines encadrées par des sous-lieutenants saint-cyriens. De plus, le succès des « team buildings » dont notamment les formules « boots camps » ne sont plus à démontrer. Pour finir l’engouement (105 000 ventes pour Qu’est-ce qu’un chef ? et 160 000 pour Servir) autour des livres du général de Villiers nous démontre que l’armée incarne dans l’ensemble de la population française une réponse à cette crise de l’autorité prophétisée par Hannah Arendt dans La crise de la culture. Pourtant, si l’image de l’armée n’a jamais eu une aussi bonne presse depuis 1968, on n’observe pas un enthousiasme généralisé à l’engagement et notamment chez les enfants des élites.
De multiples causes provoquent cette réticence, on peut trouver de nombreuses explications dans les conjonctures internationales et économiques. Mais, il faut souligner aussi des problèmes structurels au sein des armées françaises.
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