Source [Atlantico] : Atlantico : Les emprunts bancaires des ménages et des entreprises se sont arrêtés en 2023 alors que la demande de prêt a explosé, encore plus que lors de la crise de la zone euro. Qu’est-ce que cela signifie ? Que la situation économique s'aggrave ?
Don Diego de la Vega : Je ne sais pas si on peut dire que la demande de prêt a explosé. Mais ce qui est certain, c'est que l'offre se porte mal. En même temps, c'était le but poursuivi par la BCE. L’idée de monter les taux de 400 points de base, c'était bien pour resserrer les conditions de crédit ? On pourrait donc dire de façon un peu cynique qu’on est en train de récolter ce que l'on a semé. Le problème, c'est que le lien entre tout ça et la maîtrise d'une inflation statistique en glissement annuel est un lien assez ténu. Ce n'est pas parce qu'on est en train de se faire « hara-kiri » monétairement et sur le crédit, qu'on a nécessairement accéléré le reflux de l'inflation.
Ce qui est vraiment rageant dans cette histoire, c'est qu'on a fait ça essentiellement pour des raisons symboliques. Il fallait monter les taux d'intérêt pour que la BCE puisse se disculper dans la montée de l'inflation. Ce qui n’a pas servi à grand-chose.
Pourquoi personne ne tire le signal d'alarme ?
Quelques personnes commencent à tirer la sonnette d'alarme. Je trouve que c’est un peu tard. Il fallait le faire il y a 18 mois, quand la BCE a remonté les taux à partir de l'été 2022. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. Quelques personnes s'aperçoivent quand même que nous sommes en train de couper la branche sur laquelle nous sommes assis. Pourquoi ça vient si tard ? Une partie des économistes qui travaillent à l'université sur des sujets sur les discriminations raciales au XIXᵉ siècle dans le sud des États-Unis sont perchés. Une autre partie des économistes trouvent que c'est une très bonne idée de monter les taux d'intérêt pour créer un ou deux millions de chômeurs en plus. En gros, ce sont tous ceux qui sont fans de la BCE ou très acoquinés à Francfort. Ça fait du monde. Pour le reste, nous avons des gens qui ne mesurent pas à quel point ça va faire mal de monter les taux de 400 points de base quand les anticipations d'inflation sont très ancrées et à quel point ça va probablement amener une décennie de croissance perdue. Quand ils s'en rendent compte, il est un peu trop tard. Le mal est fait.
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