La pression monte pour l’extension du travail dominical. Lors de son interview du 14 juillet, François Hollande s’est glissé dans la facilité pour promettre tout et son contraire : « On ne peut pas décider que tout le monde va travailler le dimanche, je m’y refuse »… mais « si c’est possible, on le fait ». Dans les coulisses, la méthode Coué tourne à plein régime.
LE 20 JUIN dernier sur RMC, Jean-Claude Bourdin recevait le ministre des Affaires étrangères en charge du tourisme. Les magasins pourront-ils ouvrir le dimanche à Paris ? Pour les commerces sur les Grands Boulevards, dans les gares et les aéroports, la « décision incombe au Maire de Paris » répondit Laurent Fabius. Mme Hidalgo, ancienne inspectrice du travail verrait-elle cela d'un bon oeil ?
Le ministre conclut en tout cas en promettant une loi avant la fin de l’année (vidéo BFM Business ci-dessous à 16:50). Quant à lui, sa religion est faite. Le patron des Galeries Lafayette lui a affirmé qu’une autorisation d’ouvrir le dimanche lui permettrait de recruter « immédiatement six cents personnes », garantissant sur un air bien connu que ces travailleurs du dimanche seraient alors volontaires et payés double. « Ça mérite qu’on discute » conclut alors l’ancien premier ministre de François Mitterrand.
Jeu de dupes
L’argument est alléchant, mais c’est un jeu de dupes ! Rappelons que du point de vue juridique, si l’on est en zone touristique ou d’affluence exceptionnelle, il n’y a pas de contrepartie obligatoire et pas de volontariat. Chez les démonstrateurs qui ne sont pas payés par les Galeries Lafayette, on peut douter qu’on applique les majorations et les contreparties. Quant au volontariat, ce n’est même pas la peine d’y songer.
En outre, ce sont des emplois d’une journée qui vont être créés, soit en réalité au mieux cinquante EETP (Emplois équivalents temps plein). Ils disparaîtront ailleurs dans le petit commerce des alentours qui ne sera pas dans la bonne rue et qui verra cette concurrence déloyale exploser.
Il y a surtout fort à parier que les loyers commerciaux flamberont et excluront les rares commerçants indépendants qui perdurent sur le boulevard, boulevard qui bourdonnera comme une ruche sept jours sur sept en attendant de bourdonner aussi au-delà de 21 heures. Pauvres résidents !
Faux prétextes
Tout cela au prétexte de la concurrence du commerce électronique, alors que chacun des grands magasins concernés peaufine son site chaque jour davantage. Tout cela au nom des touristes Chinois qui peuvent déjà tout trouver chez eux. Un magasin de plus ne vient-il pas d’être créé à Pékin en 2013 ?
Au lieu d’améliorer la balance commerciale, on brade le modèle social français. La droite l'a rêvé. La gauche va le faire ! H.B.
Lire sur le site du Monde
Les Galeries Lafayette en Chine, acte II.
Lire sur le site de Libération
On trouve tout au nouveau Printemps de Shangaï : le grand magasin franchisé vise la classe moyenne.
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