Source [L'Incorrect] En mai 2019, Les Républicains enregistraient le plus mauvais score de la droite de gouvernement sous la Vème République, dépassant difficilement la barre des 8 pour 100 des suffrages exprimés. Une catastrophe prévisible et attendue. La presse d’opinion et certains militants conservateurs ont pourtant longtemps voulu croire en un « effet Bellamy ».
Pour les plus engagés de ses partisans, la chute du wonderboy Bellamy fut probablement dure à avaler. Des années qu’une certaine droite conservatrice tentait de peser chez Les Républicains, persuadée que la solution pour redonner des couleurs au mouvement était d’assumer un discours très idéologisé et bien distinct de celui de la gauche. Las, il était bien trop tard pour que la mue se transforme en un succès dans les urnes. Laurent Wauquiez a échoué et a détruit pour un temps les ambitions nationales des Républicains. Il a été un piètre dirigeant de parti, perpétuellement débordé par les notables locaux et les cadres qu’il essayait de discipliner avec un autoritarisme froid qui l’a immédiatement rendu impopulaire. Il a commis une erreur d’appréciation majeure en se prenant pour un essayiste quand il devait d’abord être un administrateur. Si l’on gouverne bien de loin, il est préférable d’administrer de près. Un chef de parti nouvellement nommé doit mettre les mains dans le cambouis, choisir des hommes et les mettre en place. C’est après qu’il peut gouverner et donner une ligne, pas avant.
La deuxième faute de Laurent Wauquiez fut de croire qu’il pourrait rééditer le coup de Nicolas Sarkozy en chassant sur les terres du Rassemblement national. Le président de la région Auvergne-Rhône Alpes – qui n’a pas le quart du charisme de l’ancien président d’origine hongroise – s’est fait piéger par le bruit médiatique en pensant que Marine Le Pen serait démonétisée à la suite du fameux débat d’entre-deux tours, incapable de comprendre les ressorts profonds du vote RN et le fait qu’il ne s’agissait plus simplement d’un vote protestataire, mais bien d’une protestation au long cours progressivement transformée en une adhésion à une vision du monde. Laurent Wauquiez a dû penser que les départs des cadres de la droite chez Macron marquait un moment dans la vie politique française qui verrait le centre droit fusionner avec le centre gauche, puis la droite redevenir le RPR en tuant Marine Le Pen. Loupé. François-Xavier Bellamy n’a donc pas été le responsable de la chute, tout juste le fusible. Le Versaillais n’avait évidemment pas ce qu’il fallait – pas plus le parcours que la personnalité idoine -, mais il serait très injuste de lui faire porter l’entière responsabilité de la déroute des élections européennes.
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