Source [Le Point] Le maire de Béziers revendique une parole décomplexée et étrille les leaders de la droite traditionnelle.
Des étoiles à nouveau alignées… Et une ambiance morose. Quelque 200 élus du Rassemblement national se réunissent à Fréjus (Var) ce week-end, pour une rentrée politique qui marque le lancement de la campagne de Marine Le Pen. Officiellement, le parti se sent les voiles gonflées : la sécurité, angle mort de la politique d'Emmanuel Macron, est à nouveau au premier rang des préoccupations des Français, et la droite parle de tant de voix qu'elle reste inaudible. « Ensauvagement », « localisme », « souverainisme »… Les idées longtemps portées par le Rassemblement national sont à la mode.
Et pourtant, les élus RN ont pris le train, vendredi soir, en traînant des pieds : le parti, financièrement à genoux, a mangé la poussière aux dernières municipales. « C'est un répulsif », tranche le maire de Béziers, Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du RN (et réélu ce printemps au premier tour), mais qui n'en a jamais été membre. Et qui, aujourd'hui, s'impatiente : si Marine Le Pen et son parti ont longtemps incarné et servi les idées des électeurs les plus à droite, les mêmes plombent aujourd'hui leurs chances, pense-t-il, d'accéder au pouvoir.
Le Point : Écouterez-vous le discours de Marine Le Pen dimanche ?
Robert Ménard : Bien sûr, avec attention. Elle est une actrice incontournable de la scène politique, et j'ai des sympathies avec ce qu'elle dit sur de nombreux sujets, comme l'identité ou l'immigration, même si je n'ai jamais caché mes divergences. Mais je n'y crois plus beaucoup… Je n'arrive pas, aujourd'hui encore, à faire abstraction du débat de l'entre-deux tours, qui a montré un certain nombre de limites. En même temps, je plaide coupable, parce que j'ai cru qu'au fond Marine Le Pen aurait beaucoup de mal à se relever de ce débat-là, or elle a retrouvé le même niveau d'électorat qu'il y a trois ans.
Si elle est candidate à la présidentielle de 2022, vous lui prédisez une défaite…
Je pense que, aujourd'hui, elle n'est pas en position de gagner. Ça l'exaspère quand je dis cela, mais cela n'a rien contre elle ; je pense simplement que le courant de la droite qu'elle incarne n'est pas suffisant pour gagner. Le discours qu'elle tient sur les questions économiques n'est pas en phase avec ce dont notre pays a besoin.
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