Les Français aiment les enfants – au moins en pensée. D’après l’Institut National d’Études Démographiques (INED), 43 % des personnes désirent deux enfants et 41 % trois ou davantage. Comme tous les animaux, le cœur en plus, nous aspirons au renouvellement de l’espèce. C’est une inclination fondamentale de tous les vivants[1]. Mais, vingt-et-unième siècle oblige, le bon sens a du mal à joindre les deux bouts. L’enfant reste une velléité car il coûterait trop cher. Si les mamans s’en privent[2], c’est principalement pour des raisons financières (66% des mères interrogées) et/ou matérielles (35%) mais aussi sociales (un bébé peut coûter une carrière) ou familiales (la maternité se réalise au prix d’un père et non seulement d’un compagnon).
Pourtant, de l’existence d’une réalité familiale dépendent en grande partie le progrès et le développement économique. « Pour le comprendre, il faut cesser de limiter le champ de l’économie à la question de savoir « combien cela coûte ? » et se demander plutôt « combien cela rapporte ? » » [3]. Cessons donc de pénaliser les familles nombreuses au motif absurde qu’elles augmenteraient le chômage, ou en cherchant à les discriminer par des propositions de loi « tendant au versement des allocations familiales dès le premier enfant et à allouer une somme identique à chaque enfant ». La famille est l’école de la solidarité (qu’on se le dise à gauche !) et de la responsabilité (Oyez, oyez la droite !). La famille, c’est aussi le droit d’une société à la jeunesse, le droit d’un « monde qui claque des dents » [4] à un brasier créatif et à une fougue au travail.
Il est donc urgent, à moins de trois mois des élections présidentielles, d’utiliser toutes les ressources pédagogiques à notre disposition pour contrer la mauvaise foi des adversaires idéologiques de la famille. La famille et le travail sont les deux nouvelles mamelles de la France.
[1] Cf. saint Thomas d’Aquin, Summa theologiae, Ia-IIae, q. 94, a. 2.
[2] Selon une enquête SOFRES de la revue "Parent" auprès des mamans de bébés âgés de 0 à 24 mois et publiée dans le magazine Parents daté de juillet 2005.
[3] Jean-Didier LECAILLON, ; La famille, source de prospérité, ; en préface des Cahiers politiques, n°1, mars 1996, « La relance par la famille ».
[4] Bernanos.
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Objet : L'agression socialiste contre le Quotient Familial
Voir le commentaire en entierEn invoquant la nécessité de soutenir la natalité, les défenseurs de la famille, et la droite en général, ne me semblent pas employer un argument vraiment pertinent contre le projet socialiste, même si cet argument est très justifié. Il consiste en effet à admettre le point de vue socialiste qui consiste à prétendre qu'appliquer la règle du quotient familial revient de la part de l’État à subventionner les familles pour leur permettre d'élever leurs enfants, ce qui ouvre la porte à toutes les discussions sur le bien-fondé de la répartition de cette subvention. Il faudrait au contraire discuter des principes et souligner le fait que cette règle est d'abord une reconnaissance par l’État de l'existence du fait familial, ce que dénie le projet socialiste, ainsi que de la réalité et de la légitimité du partage des ressources d'une famille entre tous ses membres, ceux-ci, enfants compris, étant alors imposés sur les sommes résultant de ce partage. Puisque le problème qu'elle peut poser ne se manifeste que si l'impôt est progressif, cette règle est une façon équitable de faire en sorte que le niveau de progressivité soit déterminé dans une famille non pas par le revenu de tel ou tel de ses membres mais par le niveau de vie moyen des personnes qui la constituent, lequel niveau de vie dépend du revenu global de la famille et du nombre de ses membres. Et il faudrait dénoncer fortement la perversité et la malhonnêteté des arguments avancés contre cette règle par les socialistes, perversité qui réside dans trois idées ou a priori :
1) "cette règle est injuste car elle conduit à des inégalités". Dans toutes leurs argumentations les socialistes se prévalent de la justice avec souvent beaucoup d'arbitraire et de façon très abusive. Ils crient à l'injustice dès qu'ils décèlent une inégalité quelque part, quelles qu'en soient les raisons. Pour eux, justice et égalité ne sont qu'une seule et même chose. Si c'était le cas il n'y aurait pas deux termes distincts pour les désigner. Les enfants ont une notion innée mais très claire de ce que sont justice et injustice. Pour eux la justice n'est pas systématiquement l'égalité de traitement, récompense ou châtiment, entre les personnes. Ce qu'ils souhaitent ressentir c'est une "bonne" adéquation de ce traitement avec ce qui l'a motivé, l'égalité n'étant requise que si le traitement est la conséquence des mêmes faits et dans les mêmes circonstances.
2) "l'application de la règle du quotient familial équivaut à une subvention aux familles, une sorte de cadeau de l’État". Cadeau par rapport à quoi ? Pour le raisonnement socialiste il s'agit évidemment d'une remise par rapport à ce que serait l'impôt de la famille si elle n'avait pas d'enfants, cet impôt étant considéré, mais on ne voit pas pourquoi, comme une référence plus "juste". On retrouve là toute la perversité du point de vue socialo-communiste selon lequel tous les revenus des habitants d'un pays appartiennent de droit à l’État, ce que celui-ci laisse aux imposables n'étant en fait que des ressources que généreusement il leur affecte. Et tant que ces ressources ainsi considérées comme fournies par l’État ne seront pas les mêmes pour tous, les socialistes auront toujours beau jeu, avec ce point de vue, de déclarer que le système fiscal est "injuste".
3) "pour le calcul de l'impôt demandé aux contribuables l’État n'a pas à connaître leur situation matrimoniale ni familiale, seules comptant pour chaque individu ses ressources propres". C'est le point de vue pris dans le projet proposé par Thomas Piketty, conseiller du PS. Compte tenu de la progressivité, il est évident qu'avec ce point de vue l'impôt payé par un couple sera, à revenu global égal, plus important si ce revenu est le fait d'un seul membre du couple. Peut-être est-ce proposé aussi pour encourager le travail des femmes ? Mais est-ce cela que les socialistes considèrent comme "juste" ?. Quant aux enfants, car il faut bien tenir compte de leur existence, la seule façon "juste" et socialiste qu'aurait l’État pour contribuer à les élever et à les éduquer, ce serait, d'après la logique des idées 1-2-3, d'affecter aux personnes qui en ont la charge une certaine somme annuelle, la même pour chaque enfant. On voit ainsi qu'au nom de l'"égalité" et de la "justice" on en vient à dénier aux familles toute existence légale ainsi que la légitimité de donner à leurs enfants le niveau de vie et d'éducation que leur permettraient leurs revenus. A quand la collectivisation totale de la charge d'élever et d'éduquer tous les enfants (cf. république spartiate ou république de Platon) ?
Enfin il faut aussi dénoncer la présentation édulcorée de ce projet par le candidat François Hollande, lequel ne parle plus de suppression du quotient familial mais seulement de son aménagement "pour le rendre plus juste". Non, il faut s'en tenir au principe du respect du fait familial, à savoir que dans une famille les revenus sont partagés entre tous ses membres et que ceux-ci doivent être imposés sur les sommes résultant de ce partage.